Pendant des siècles, la laine a constitué l’activité la plus importante à Veere. En 1541, la ville est devenue une véritable base continentale de nombreux produits écossais comme le lin, le saumon, le beurre, mais surtout la laine. Des colons écossais s’y sont installés et ont construit leur propre église, des entrepôts ainsi que plusieurs très belles bâtisses, dont certaines peuvent encore être admirées autour du petit port.
Le commerce de la laine écossaise a littéralement placé Veere sur la carte. Parmi les vestiges de cette époque faste, on peut encore voir une citerne ornée et une citerne souterraine qui récoltait les eaux de pluie afin de laver la laine. Mais dans l’intervalle, les navires écossais chargés de laine ont cédé la place aux yachts de plaisance.
Veere était autrefois une ville fortifiée, ce qui prouve l’importance centrale de cette ville portuaire. L’un des bâtiments les plus remarquables est le « Campveerse Toren » construit au XVe siècle et qui faisait partie de l’ancien rempart. Il est le seul vestige de cette époque. Cet édifice majestueux se reflète fièrement dans les eaux lisses du lac de Veere. Le Campveerse Toren a été transformé en auberge il y plus de 500 ans et il assure toujours cette fonction aujourd’hui.
C’est l’une des auberges les plus anciennes des Pays-Bas. Notre séjour est un privilège, car nous avons la chance de séjourner dans l’unique suite de la tour, qui offre une vue sur le lac et le port. De quoi assister à d’époustouflants levers et couchers de soleil. C’est le romantisme poussé à son paroxysme. La lumière qui inonde Veere est particulièrement belle, ce qui attire aussi de nombreux artistes. Et les photographes amateurs seront eux aussi aux anges, car les reflets du Campveerse Toren, dans les eaux calmes et aux couleurs chaudes du matin donnent des images tout simplement uniques.
La Grote Kerk, une basilique en croix à la taille étonnante pour une aussi petite ville, témoigne aussi de l’importance du port de Veere. Quel que soit le lieu où on se balade, elle est constamment visible. Autre bâtiment emblématique : l’hôtel de ville flamboyant de style gothique tardif. C’est là un chef-d’œuvre architectural qui fait aujourd’hui partie intégrante du musée Veere, lequel occupe aussi deux anciens bâtiments écossais situés sur le port.
Les cafés et restaurants du port de plaisance sont synonymes de convivialité. Parmi les nombreuses boutiques originales qui tapissent la ville, il faut épingler la confiserie de Granny. A l’intérieur, c’est comme si le temps s’était arrêté, car on y trouve non moins de 101 friandises anciennes typiquement zélandaises et néerlandaises : stroopsoldaatjes, bâtons de cannelle, bonbons au caramel. La nostalgie est de mise.
C’est avec un énorme homard dans chaque main que le directeur et chef du Campveerse Toren accueille souvent ses visiteurs. Et c’est normal : le homard de l’Escaut oriental est une spécialité de la Zélande. Il faut absolument en déguster un ! La bonne saison s’étend de fin mars jusqu’au 15 juillet et le meilleur endroit pour déguster ce plat est le restaurant historique situé dans la tour qui surplombe le lac et le port de plaisance.
Pour l’anecdote, Albert et Paola s’y rendent de temps en temps tout comme la famille royale néerlandaise. Guillaume d’Orange y avait aussi organisé deux de ses quatre dîners de noces tandis que le lieu a aussi accueilli le tsar russe Pierre le Grand ainsi que Grace Kelly. Autre fait surprenant : le Tijl Uilenspiegel aurait été écrit dans ce bâtiment historique qui était aussi un repaire très populaire de peintres et d’écrivains. Un lieu hautement historique donc, où l’on se restaure dans une ambiance généreuse, aussi dans l’assiette. Outre le Campveerse Toren, il faut aussi recommander la cuisine de De Werf, de l’autre côté du port. Cet établissement dispose d’une grande terrasse qui surplombant la ville et qui a déjà remporté plusieurs fois le titre de plus belle terrasse des Pays-Bas. Et comme si cela ne suffisait pas, on y trouve aussi le meilleur serveur du pays !
La ville de Zierikzee se trouve à une demi-heure de route de Veere. Dès que l’on franchit le Noorderhavenpoort, l’une des trois portes conservées, on a le sentiment indicible de pénétrer dans une gravure ancienne. Dans le port asséché, on trouve de magnifiques bateaux historiques.
L’horizon de Zierikzee est par ailleurs dominé par des bâtiments emblématiques qui rappellent la grandeur historique du lieu, comme le Dikke Toren, qui n’a pas volé son nom. Celle-ci devait mesurer 130 mètres de haut, mais une série de catastrophes ont empêché cet objectif. La tour faisait un temps partie de l’église Saint Lievensmonster, aujourd’hui remplacée par la Nouvelle Église néoclassique, qui prend des allures de temple grec. Ici, les promenades s’apparentent à de vrais marathons historiques : on en recense 568, dont beaucoup sont protégés.
Zierikzee est une ville sensiblement plus grande que Veere, mais cette taille n’enlève rien à son charme. L’hôtel de ville du XVIe siècle témoigne de l’immense prospérité de l’époque. Chaque pierre de Zierikzee témoigne en effet d’un riche passé. Il faut découvrir cette histoire longue et mouvementée dans le musée de l’hôtel de ville, qui accorde une grande attention à Cristóbal de Mondragón, commandant pendant la guerre de 80 ans et dont le nom restera à jamais lié à la ville. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut aussi choisit les chambres d’hôtes « Romantik Hotel Mondragon », situées sur le vieux port. Le jeu en vaut la chandelle, tout comme un détour par le restaurant gastronomique Cristó, où un jeune chef talentueux prépare des plats d’inspiration française, liés au passé de Zierikzee et aux meilleurs produits du delta de Zélande.
À Zierikzee, on en prend plein la vue : l’ancienne criée sur Sint Jacobshof, les ponts pittoresques ainsi que la plus ancienne maison de la ville, la Huis de Haene du XIVe siècle, sont autant de monuments uniques à découvrir. Mais le nouveau port, avec son abondance de cafés et de restaurants, et les deux moulins à vent Den Haas et De Hoop sont également des lieux incontournables où il faut bon flâner.
Et il faut voir aussi l’art de rue typiquement néerlandais qui s’affiche haut en couleur sur la magnifique place Montmaertre – et qui n’est pas à confondre avec Montmartre à Paris ! Ici aussi, les terrasses sont légion. Tout comme l’histoire, la convivialité et le sens de l’accueil de Zierikzee et de Veere constituent les raisons principales d’inscrire ces deux perles zélandaises dans son agenda de voyage.
Une chose est sûre : la Zélande est plate ce qui rend la location de vélos indispensable. La première chose à faire est le tour du lac Veere, où on trouve partout de jolis endroits pour pique-niquer. Ensuite, il faut se rapprocher de la côte. La plage de Vrouwenpolder, toute proche, est un paradis pour les kitesurfeurs et ceux qui aiment faire la crêpe au soleil.
Domburg est la ville balnéaire la plus en vogue des environs. On ne peut que conseiller l’excursion en bateau sur le lac Grevelingen, le plus grand lac salé d’Europe, au départ de Brouwershaven. Un moment de relaxation intense ! On peut admirer lors de cette croisière de nombreux oiseaux d’eau, mais aussi une famille de phoques, dont certains nagent curieusement vers les embarcations. Le musée Watersnoodmuseum d’Ouwekerk vaut aussi le détour, car il fait découvrir l’histoire de la catastrophe fluviale de 1953 laquelle a fait près de 2.000 victimes.
Les travaux du Delta, parfois appelés la 8e merveille du monde, sont une conséquence de cette catastrophe. Il est même possible de visiter le ventre de ce monstre de béton. Il illustre en tout cas le savoir-faire et la gestion exemplaires de l’eau dont sont capables les Néerlandais. Ce savoir-faire est inégalé dans le monde. Et si d’aventure l’eau venait à vous saouler, il reste Wijnhoeve de Kleine Schorre à Dreischor à découvrir, un endroit où on peut déguster de délicieux vins zélandais qui se marient parfaitement avec les produits de la mer. Santé !