Là-bas, une croisière propose de suivre son sillage et d’après les polynésiens c’est le meilleur moyen d’apprécier leurs îles…
Pour se ressourcer et se retirer de la vie publique, Jacques Brel qui se savait cerné par une longue maladie, décida de jeter l’ancre dans l’archipel. C’était lors de son tour du monde avec sa compagne Maddly à bord de leur voilier « l’Askoy ». Il s’amouracha de ce bout du monde au cœur du Pacifique et en fit son dernier port d’attache. Un endroit beau à mourir où il rêva d’une nouvelle vie dès 1975.
Il acquit un bimoteur Twin Bonanza immatriculé « Jojo », du nom d’un de ses grands amis décédé et chanté sur son dernier album. Conquis par la beauté des lieux et surtout par le charme de ses habitants, il proposera souvent ses services d’avion-taxi aux îliens pour rejoindre Papeete à 1400 km de là. Cinq heures de vol. Mais entre deux voyages à Paris pour soigner ses poumons malades et préparer son dernier album débuté en 1977, il aura peu de temps pour profiter des lieux.
Loin des paparazzis, plaisantant avec les habitants, taquinant les sœurs du couvent d’à côté, festoyant avec ses amis, le grand Jacques voyait dans les Marquises un petit paradis. Dont il s’inspira pour composer un hymne éponyme dédié à leur beauté, déposé sur son dernier disque. Une œuvre testament, avec sa pochette bleue faite de nuages et de ciel où sont inscrites en lettres majuscules : BREL. L’album fera un triomphe phénoménal avec des prodiges comme « La ville s’endormait », « Jaurès », « Vieillir », « Voir un ami pleurer », « Orly », « Jojo » et bien entendu « Les Marquises ».
En juillet 1978, le grand Jacques quitta l’archipel pour vivre ses derniers jours à Paris et y décéder en octobre, à l’âge de 49 ans. Sa dépouille sera enterrée aux Marquises près de sa maison à Atuona. La bâtisse a aujourd’hui disparu, selon ses derniers souhaits. Il repose non loin d’un certain Gauguin, peintre impressionniste… Quant à sa chanson « les Marquises », elle mettra cette poignée d’îles sur la carte des bouts du monde. Des lieux mythiques gravés à tout jamais dans les rêves d’exotisme et de voyage de tout un chacun.
[/media-credit] Atiheu Nuku Hiva aux Marquises[/caption]
Les Marquises sont l’un des cinq archipels de la Polynésie française avec les Tuamotu, les îles de la Société (Îles-au-Vent et Sous-le-Vent) où se trouve la capitale Papeete, les Gambier et les Australes. Si l’on sait que l’ensemble de la Polynésie compte 118 îles dont 76 sont habitées, les Marquises sont à peine une dizaine de cette grande famille.
La géographie les a distribuées en deux parties : un groupe septentrional avec la grande île de Nuku Hiva et quelques îlots. Et un groupe au sud avec Hiva Oa et ses petites sœurs : Tahuata, Motane, Fatu Huku, Fatu Hiva, Motu Nao. Les Polynésiens appelaient les Marquises Fenua Enata. Qui signifiait Terre des Hommes. Quant au nom « Marquises », on le doit au navigateur espagnol lvaro de Mendaña, qui rendit hommage à l’épouse de son protecteur.
Parti du Pérou pour explorer le Pacifique, il y a jeté l’ancre en 1595 et exploré quelques îles. Après moult péripéties historiques, les Français en prirent possession dès 1842 pour en faire initialement… un lieu de déportation, vite transféré en Nouvelle Calédonie. Aujourd’hui, les Marquises font partie de la Polynésie Française et sont une collectivité d’outre-mer, rattachée à la République française. C’est une France tropicale et exotique, avec sa propre monnaie, ses accents rocailleux où les r roulent comme des galets. Un paradis sur mer.
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Avant Brel, les îles des Marquises inspirèrent une poignée d’écrivains et d’artistes.
Depuis le romancier américain Melville qui en fut le premier chantre. Et dont les aventures l’inspirèrent pour ses romans Taïpi et Omoo. Plus tard, le peintre Gauguin résidera ici dès 1901. Il profitera de son séjour pour réaliser des sculptures sur bois et immortaliser les paysages. Et surtout la beauté de ses habitants, notamment des jeunes filles… dont il a peint de nombreuses toiles. Sa tombe côtoie celle de Brel à Atuona.
Avant eux, l’écrivain écossais Stevenson avait consacré quelques chapitres des « Mers du Sud » à cet endroit fascinant. Puis l’historien et aventurier norvégien Thor Heyerdahl y a séjourné un an à Fatu Hiva. C’est peut-être là qu’il y aura la révélation des migrations maritimes préhistoriques. Notamment des Incas dont il démontrera brillamment et personnellement l’idée à bord de son radeau « Kontiki » parti du Pérou et lancé vers les Tuamotu.
Ainsi va la vie de ce bout du monde, à peine dérangée par le cri des oiseaux de mer, le passage des petits bateaux de croisières et des cargos mixtes chargés de cageots, de poulets, de caisses. Comme dans un roman d’aventure. Et si le temps passe, « il semble pourtant ne pas avoir de prise… aux Marquises. »
Caressées par les vents alizés, hérissées de pitons pointus qui déchirent les nuages comme des couteaux, les Marquises concentrent quelques plages merveilleuses et autant de criques secrètes. Des paysages fantastiques aux reliefs escarpés montent à plus de mille mètres… tandis que des falaises plongent dans les abysses.
La beauté sauvage de l’archipel se décline également en forêts luxuriantes et en vallées perdues, quasi impénétrables qui se cachent au pied des murailles invincibles. Un climat doux a donné naissance aux fleurs, aux myriades de papillons de toutes les couleurs et aux forêts. Avec un océan tranquille pour refléter tous ces paysages… Ici et là, un motu, morceau d’île de sable blond et de cocotiers offre son éden secret au cœur du Grand Bleu.
Au fond des baies, des anses cachent les villages portuaires aux maisons de poupées. Là-haut, des collines et des falaises accrocheuses de brumes abritent des forêts secrètes. Le tout se savoure depuis un bateau de croisière, un cocktail à la main et un collier de fleurs de tiare autour du cou, en écoutant la musique polynésienne, en admirant les danses viriles des guerriers ou lascives des vahinés. On est si bien en ces bouts du monde caressés par les alizés. Et parfois, si les côtes sont voilées, c’est par les petites pluies « traversières … qui battent de grain en grain»… comme le chante encore Brel. Avec quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin… » Et quand les alizés s’envolent au loin, alors : « par manque de brise, le temps s’immobilise… aux Marquises.»
Sur les traces de Jacques Brel aux Marquises, vous commencez par l’île la plus visitée, celle où tous les bateaux font escale : Hiva Oa.
Que ce soit l’AraNui, célèbre cargo mixte et bihebdomadaire qui alimente l’archipel au départ de Tahiti ou les autres petits bateaux de croisières et voiliers qui croisent dans les parages lors de voyages de rêve… Toute visite de l’archipel s’arrête donc à Hiva Oa, encore hantée par le souvenir de Brel et de Gauguin.
Cette île du bout du monde voit sa vie tourner autour du port et de ses quais où accostent les bateaux qui se libèrent de leurs cageots de fruits et légumes, de matériaux de pêche et autres pièces de rechange, de machines, de poulets et victuailles qui racontent la vie quotidienne et pragmatique des lieux.
Immanquablement, vos pas vous mèneront au Centre Gauguin et à l’espace Jacques Brel. Le premier est un superbe musée dédié au peintre postimpressionniste qui a vécu ici, fuyant la France et après un passage à Tahiti. Sculptant le bois et peignant les habitants des lieux de mille couleurs chatoyantes, il a trouvé en ces lieux également un dernier paradis.
Le second musée s’attarde bien entendu mais plus modestement à raconter dans un hangar le passage de Brel sur l’ile. Avec notamment… « Jojo », l’impressionnant « Beechcraft Twin Bonanza », le fameux bimoteur qui donnait des ailes à l’artiste, impliqué dans la vie des îliens. A tel point qu’aujourd’hui encore, mille sourires égaient les visages à évoquer son souvenir !
Ajoutons comme activités la rando, les visites de l’île et des villages en 4×4, la plage de galets de Nahoe, les tikis qui sont des représentations religieuses des îliens. Et plein d’autres surprises et paysages découvrir ici et là…
S’il est bien des lieux dont la prononciation fleure l’exotisme, la vanille et les vahinés, les perles et les lagons, les cocktails et les couchers de soleil, les hôtels de luxe les pieds dans l’eau, ce sont ces îles de la Polynésie. De l’autre côté de la planète, à 24 heures de différence, elles attirent les rêves d’exotisme comme les papillons autour d’une lampe. Avec leurs collines, leurs jardins de corail, leurs atolls et motus (îlots), elles se savourent langoureusement, une fleur de ‘tiare’ dans les cheveux et les pieds dans l’eau chaude des lagons turquoise.
A dix minutes de vol de Papeete, voici Moorea qui propose l’ascension de ses sommets, quelques randonnées le long des cascades et des vallées, les visites des baies d’Opunohu et de Cook. Avec en prime la découverte de la flore et des cultures locales. Des sorties en mer flirtent avec les cétacés. Certains hôtels permettent de nager avec les dauphins. Moorea est également réputée pour ses impressionnants « shark feeding », à savoir nourrissage des petits requins vifs et très gourmands.
Derrière l’horizon et encore plus loin, voici Raiatea, Taha’a, Huahine et Bora Bora des îles Sous-le-Vent ! En plus de leurs beautés légendaires, elles offrent des jardins tropicaux aux senteurs de vanille et des sites archéologiques intéressants, comme à Raiatea. Les lieux témoignent de la culture polynésienne et de ses espaces ‘tabous’ (interdits) encore nimbés de mystère. « Perle du Pacifique », Bora Bora est une des plus belles îles au monde, enlacée par un fabuleux lagon bleu et son collier de sable blanc. Hérissée de deux montagnes, elle joue avec les nuages et les arcs-en-ciel. On y boit l’apéro dans les lagons, on y déjeune les pieds dans l’eau… Un petit goût de paradis. La Orana ! Bienvenue à Tahiti!
Remarque : si l’on regarde une carte géographique, le territoire maritime de la Polynésie est grand comme l’Europe de l’Ouest ! Si la capitale de la Polynésie, Papeete, était transposée à Bruxelles, les Marquises sont situées… à Stockholm, les Gambier à Corfou, Bora Bora à Londres…
Une croisière sur le thème « Jacques Brel aux Marquises » proposée par Aranui
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Colliers de fleur de tiare, accueil chaleureux, danses polynésiennes, peaux tatouées…
Le cargo mixte Aranui assure le transport de fret et de passagers