

Dans le cadre d’un voyage de reconnaissance pour préparer celui qui sera accompagné par Colette Braeckman pour le journal Le Soir, j’atterris à Entebbe, unique aéroport international de l’Ouganda. Dès mon arrivée, les sourires et gestes de bienvenue augurent d’un séjour prometteur. Entebbe, petite ville de 70.000 habitants située sur une presqu’île au nord du lac Victoria, fut la capitale coloniale avant d’être supplantée par Kampala, distante de 40 km.
Le lendemain matin, je fais connaissance avec Robert, mon guide, pour une mission passionnante : préparer un itinéraire original pour les lecteurs du journal. Direction le nord et le sanctuaire de Ziwa Rhino. Sur place, nous sommes accueillis par Max, un ranger chaleureux qui nous conduit à pied vers les rhinocéros. Ces imposants herbivores, autrefois présents dans le nord du pays, ont été transférés ici pour échapper à l’extinction.
À Ziwa, une cohabitation harmonieuse s’est instaurée entre la faune et les bergers locaux. Leur bétail, friand des hautes herbes, prépare le terrain pour les rhinocéros en libérant l’herbe tendre. Une belle illustration de tourisme responsable où tout le monde trouve son compte. Les rhinocéros, majestueux mastodontes pouvant peser jusqu’à trois tonnes, broutent paisiblement sous la vigilance des rangers. L’émotion est palpable face à ces animaux préhistoriques.
Notre aventure se poursuit vers le parc national des Murchison Falls, du nom des célèbres chutes de la rivière Victoria. Ce spectacle naturel est saisissant : un torrent rugissant s’engouffre dans une gorge étroite de sept mètres avant de plonger de 43 mètres dans un fracas assourdissant. Cette énergie brute captive les sens et donne l’impression d’être au cœur de la création.
Le lendemain, nous découvrons les chutes d’en haut, offrant une perspective tout aussi spectaculaire. Dans ce parc, le plus ancien d’Ouganda, nous observons une faune riche et variée. Bien que le Big Five soit présent, le léopard reste insaisissable. Cependant, girafes, buffles, éléphants, hyènes et phacochères croisent notre route, tandis que les gazelles et antilopes s’éclipsent à la moindre alerte. Quel tableau !
Quelques jours plus tard, dans les forêts de Kibale et de Bwindi, je ressens une connexion unique en observant les chimpanzés et les gorilles. Ces primates, si proches de nous, rappellent notre origine commune. Les précautions sont strictes : distances de sécurité, masques pour éviter la transmission de maladies, et respect absolu de leur environnement. Chaque rencontre est unique, révélant des personnalités distinctes parmi ces êtres fascinants.
Le trekking vers les gorilles dans la forêt impénétrable de Bwindi est une expérience inoubliable. Après un briefing minutieux, nous progressons hors sentiers, guidés par des rangers. Ceux-ci nous signalent la présence de gorilles dans un site très escarpé. Nous quittons le sentier pour nous enfoncer plus encore dans la forêt en hors-piste. Il faut rester vigilent pour éviter de glisser et les écorchures des buissons sur le visage. Puis notre ranger nous fait signe d’approcher sans bruit et nous désigne en contre bas une famille tranquillement installée au pied d’un arbre occupée à manger des feuilles tendres et des baies en poussant des HUUUMMM retentissants de satisfaction. Des petits font du judo tandis qu’un troisième joue à Tarzan sur un arbre voisin. Le tout sous l’œil attentif des adultes. On devine distinctement le chef de famille, un imposant colosse au dos argenté. Je reste immobile, je les regarde ému, le spectacle et les bruits de la forêt me subjuguent.
Mon voyage s’achève par un safari nocturne dans le parc national du lac Mburo. L’obscurité enveloppe la forêt, percée seulement par le faisceau de notre projecteur. Chaque bruit, chaque mouvement révèle la vie secrète de la savane. La forêt s’anime avec la présence de créatures nocturnes que l’on peine à deviner. Les cris percent le silence et nous interrogent. L’adrénaline est à son comble lorsque l’on devine une proie probablement attrapée par un léopard à la vision nocturne très développée. Parfois c’est le cri reconnaissable d’une hyène ou le grognement de zèbres que notre projecteur arrive à éclairer. Sous les feux de notre 4×4, en pleine piste devant nous avance nonchalamment… un léopard. La rencontre inoubliable. Le parc garde ses secrets la nuit, chaque bruissement d’herbe ou craquement de feuilles sèches augmentent l’excitation. Et dire que la pièce jouée dans ce théâtre naturel est ici chaque jour et chaque nuit renouvelée. Vivre l’Ouganda authentique comme je viens de le faire, c’est un véritable trésor à découvrir.
Loin des clichés associés à l’époque d’Amin Dada, l’Ouganda s’affirme comme une destination authentique et surprenante. Winston Churchill l’avait déjà surnommé la « Perle de l’Afrique », et ce titre reste amplement mérité. Entre safaris, randonnées, rencontres culturelles et paysages à couper le souffle, ce pays offre une immersion totale pour les cinq sens. On ne revient pas d’Ouganda inchangé : c’est une expérience qui vous marque pour la vie.
Par Mohammed Yahiaoui, journaliste-reporter
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