Odyssée à vélo, à travers la Rhénanie-du-Nord-Westphalie

Toutes ces pistes sont reliées à la Radweg (R1), longue de 3.500 km, qui relie Boulogne sur Mer à Saint-Pétersbourg. Je vous propose de parcourir quelques 270 km de cette longue route, à travers une zone particulièrement verdoyante jalonnée de charmants villages et de superbes paysages.

Münster-Marienfeld (70km)

Bon… après en avoir fait l’expérience, j’avoue, même en juillet, il ne fait pas toujours beau en Allemagne.

Quand bien même, je suis partie avec un jour de retard, quand le soleil finit par percer. J’en ai profité pour faire quelques visites de Münster qui est de toute beauté et qui vaut vraiment la peine de s’y attarder. En route pour Telgte dans l’Ems. Là je m’arrête près d’un splendide moulin à eau et profite des environs verdoyants et de la place du marché, quelle richesse historique pour cette première étape. Je vous passe les paysages découverts durant cette première journée.

Jolies villes hanséatiques

Mon itinéraire passe par la piste cyclable d’Emsauen qui longe la rivière. Le paysage est toujours aussi verdoyant. Légère rosée au-dessus des champs tandis que je me dirige vers Warendorf, qui, comme Telgte, est une jolie ville historique de la Hanse (la ligue hanséatique ou Hanse germanique était au Moyen-Age l’association des villes marchandes de l’Europe du Nord situées autour de la mer du Nord et de la mer Baltique). Magnifique place du marché qui sera un endroit idéal pour manger un morceau au milieu de cette journée et de de ma première étape. Dans l’ancien marché, je teste une soupe de goulasch, de quoi reprendre un peu de force. Un vieux carillon m’indique qu’il est déjà temps de repartir.

De vrais coureurs cyclistes

Il me reste plus ou moins 20 derniers kilomètres que je termine dans le noir. A Marienfield, je suis accueillie comme une VIP à l’hôtel Klosterpforte, un magnifique ancien monastère cistercien. Un délicieux dîner et une bière locale -après tout, je suis en Allemagne-, vont vite me faire oublier les 73,5 km parcourus. Mes jambes protestent allègrement, mais mes muscles fatigués et endoloris sont vite pris en charge par des spécialistes dans le spa de l’hôtel. Je revis…

Marienfeld-Lage (90 km)

Aujourd’hui pas d’expédition ni de visite, je repars directement et roule sur le R1.

C’est un peu plus difficile qu’hier. Mais ce n’est déjà plus qu’un souvenir lorsque j’arrive dans les jolies villes jumelles de Rheda-Wiedenbrück. J’admire de près de charmantes maisons à colombages du XVIe siècle juxtaposées les unes aux autres et découvre un château d’eau baroque : le château de Rheda. Le jardin du château est une oasis de calme et de tranquillité.

De haut en bas

Après une balade d’une quinzaine de kilomètres, j’arrive dans le comté de Rietberg qui date du XVIIIe siècle. Le magnifique centre historique reflète l’importance de la ville lorsque aperçoit les caveaux funéraires du cimetière qui y dominent encore. Entre-temps, je suis déjà en amont de l’Ems. Le long de la rivière, je me laisse tenter par une énorme crème glacée. Un besoin de sucre qui viendra à point nommé avant le dénivelé qui s’annonce à Oerlinghausen. J’ai eu droit à une montée plutôt abrupte vers le point culminant de la ville : le Tönsberg. À partir de là, facile, ça descend directement jusqu’à mon hôtel de ce soir, le Haus Berkenkamp à Lage. Et il porte bien son nom puisqu’il signifie tout simplement ‘Bas’ ! Aujourd’hui, 2e journée, j’ai parcouru 90 kilomètres. Fatiguée mais contente.

Lage-Höxter (83 km)

Pour cette 3e journée, mon premier arrêt du jour sera à Detmold.

Cette ville fait partie de l’ancienne principauté de Lippe. C’est une ville très animée qui compte jusqu’à 600 monuments historiques. Le lieu de prédilection des habitants est le canal de Friedrichsthal, aux accents très romantiques, avec ses cascades et ses écluses. Sur la place du marché, je prends le temps de visiter le plus ancien bâtiment de Detmold, l’église St Vitus datant du 13e siècle. Les plus belles maisons à colombages se trouvent dans l’Adolfstrasse où elles sont littéralement adossées aux remparts de la ville. Mais l’attraction principale est le Château de Detmold, typique de la Renaissance, situé dans le parc de la ville, en plein centre-ville. Impossible de s’en aller sans déguster la spécialité de la ville : le Lippischer pickert, une crêpe composée de pommes de terre râpées et de raisins secs au sirop de betteraves. A tester !

Site culturel bien mystérieux

Ces délicieuses crêpes me donnent littéralement des ailes lorsque j’entre dans la forêt vallonnée de Teutoburger. Je pédale toujours à travers ces paysages verdoyants et luxuriants, avec cerise sur le gâteau, les mystérieux rochers d’Externsteine, un site culturel important du Moyen-Âge. Je tombe litéralement sous le charme. C’est un incontournable. De retour sur la R1, je roule vers Höxter, ma destination finale. Mais une dernière halte s’improvise au Westfalen Culinarium de Nieheim, un must pour tous les gourmands. À Höxter, mon compteur indique 83 km et mes jambes tiennent le coup !

Höxter-Corvey (31 km)

Le dernier jour, j’ai prévu qu’une petite étape le long de la Weser.

Je voulais à tout prix visiter l’ancienne abbaye bénédictine de Corvey. L’abbaye fut l’épicentre culturel et religieux de l’Europe du Nord aux IXe et Xe siècles. L’église abbatiale du IXe siècle est la plus ancienne église carolingienne du monde, presque entièrement conservée. Extérieurement, elle est donc de style roman. À l’intérieur, le bâtiment a été entièrement reconstruit en baroque après un incendie au XVIIe siècle. Il est entièrement composé de boiseries polychromes. Dans le Westwerk roman, nous trouvons des fresques laïques, ce qui est très exceptionnel dans une église.

L’abbaye de Corvey, site du patrimoine mondial de l’UNESCO

L’abbaye de Corvey fut transformée en château au XIXe siècle. Il est situé dans un endroit magnifique entre les collines boisées et la superbe rivière la Weser. L’ensemble des batiments qui forment Corvey a été reconnu comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2014. Pour terminer la visite, je déguste, dans la Maison du Vin de Corvey, de délicieux vins locaux, ainsi que quelques liqueurs spécialités de la région comme le Corveyer Klosterlikör, le Fallersleben Kräuterlikör et enfin le Klostergeist aux arômes de chocolat, de menthe et de vanille.

Sous un autre angle

Faire du vélo le long de la Weser est une chose, mais afin d’avoir un autre angle de vue, j’échange pour quelques heures mon vélo contre un canoë. De la rivière, j’aperçois de magnifiques paysages verdoyants très différents du bord de la piste cyclable. Je pagaye le long d’un troupeau de moutons et de quelques pêcheurs et, de la rive, un cycliste esseulé nous salue de la main. Lorsque je rends mon canoë et récupére mon deux-roues vient déjà l’heure du bilan de la journée. Après seulement 31 km à vélo et une dizaine de km à la rame, je profite d’un dîner dans le jardin de Corvey, où mon attention est attirée par l’exceptionnel château dont la luminosité décline lentement dans une lumière orange. Splendide, je vous le recommande.