Les Ecrins offrent bien plus que des sports d’hiver ou d’été
C’est une réalité désormais bien ancrée chez les acteurs de la montagne.
Le vacancier ne vient plus seulement pour le ski alpin ou l’air pur, mais cherche un panel d’activités où les mots zen et nature sont les nouveaux mantras. En clair, il veut des pratiques « douces », balades en raquettes, ski de fond, randonnées, observation animale, hébergement éco-durable, produits locaux, spas, yoga…
Les Écrins, organisés autour du Puy Saint-Vincent et de la station-village Vallouise, ont compris le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de leur situation d’altitude. Leurs espaces vierges hivernaux se prêtent aux activités toniques et « originelles ».
Le massif des Écrins, à cheval entre le département de l’Isère et des Hautes-Alpes, est proche de la ville de Briançon. Perché entre 910 m et 4 102 m, il est entièrement inscrit dans le Parc national des Écrins. Son point culminant, la Barre des Écrins, est le plus haut sommet de la région Sud Provence Alpes Côte d’Azur. Si Puy-Saint-Vincent fait office de « grande » station, le massif est plutôt constitué de villages. Vallouise, Freissinières, L’Argentière-la-Bessée, Saint-Martin-de-Queyrières… ont conservé dans leurs vallons et alpages l’authenticité et les grands espaces dont rêvent les fans de nature.
La crise de la Covid-19 ouvre paradoxalement un nouvel horizon à ces territoires. La pandémie a jeté durant l’été 2020 des milliers d’urbains sur les chemins alpins, soudain empressés de respirer le grand air, loin de la promiscuité des métropoles. Avec une envie de rencontres humaines, de produits locaux, de convivialité. Autant de valeurs que ces villages possèdent dans leur ADN. Dans les grandes stations, les gens se retrouvent comme dans les villes, avec du monde partout. Les Ecrins sont protégées. Avant, on disait des stations-villages parce qu’elles n’étaient pas aménagées. On dit maintenant qu’elles sont préservées. Ce qui constituait une faiblesse hier devient une grande force aujourd’hui.
La station et son domaine correspondent le mieux aux standards attendus par les adeptes de ski alpin. Etagée sur trois niveaux d’altitude, elle combine charme villageois et équipements de bon niveau.
Il n’y a pas beaucoup de domaines skiables dans les Ecrins. Mais au moins Puy-Saint-Vincent répond-elle parfaitement à cette demande. Déployée de 1 400 m à 1 800 m, la station se décline en trois parties : un noyau villageois (1 400 m), un front de neige principal (1 600 m) et une extension plus récente (1 700-1 800 m). Le village vit au rythme des petits commerces et des gros chalets à balcons, étalés de façon assez disparate. Le front de neige regroupe l’essentiel des activités sportives, malheureusement mises à mal cet hiver 2021 par la pandémie Covid. Dans la partie la plus haute, de nouvelles résidences confortables (Odalys, Le Parc aux Etoiles…), réorientent la station vers des standards de confort contemporains.
Baignée du soleil des Alpes du Sud, Puy-Saint-Vincent propose désormais, comme toutes les grandes stations, des pratiques alternatives. Son domaine de ski nordique de 35 km (dont 28 km de pistes damées) se déploie en forêt et sur des plateaux dégagés, jusqu’au sommet des Têtes, à 2 044 m d’altitude. Les panoramas, grandioses, s’ouvrent d’un côté sur la vallée de la Durance, Briançon et le Queyras, de l’autre sur le glacier Blanc et les sommets du Pelvoux. Ajoutez un itinéraire sécurisé d’initiation au ski de randonnée et vous aurez la palette presque complète des activités outdoor accessibles dans la station.
Même fermé cette année, le domaine de ski alpin mérite l’attention. 34 pistes et 12 remontées mécaniques emportent les skieurs jusqu’à 2 750 m d’altitude. Plus de 50% des pistes (des vertes faciles aux noires vertigineuses) sont à plus de 2 000 m d’altitude. C’est la quasi assurance de profiter d’un enneigement constant, le plus souvent abrité du vent, avec vue sur des glaciers et des sommets à plus de 3 500 m (la Barre des Ecrins, 4 102 m ; le Pelvoux, 3 986 m…). Depuis le sommet du domaine, une descente de 9 km file en continu entre forêt de mélèzes et pistes panoramiques. 35 à 50 mn de glisse intégrale ! Au menu également, pour les fans d’activités funny : un bordercross, un snowpark et trois pistes éclairées pour le ski nocturne.
A la rencontre de la grande nature aux Ecrins
Randonnée, expéditions, observation animale, nuit en tipi… les Ecrins, protégés par un Parc National, offrent leurs grands espaces à des découvertes sauvages et aventureuses.
La présence d’un parc national est le signe de l’existence d’un territoire d’exception. Le massif des Ecrins en fait partie. Créé il y a bientôt 50 ans, ce parc se situe à cheval entre les Hautes-Alpes et l’Isère. Il couvre 2 526 km² et sept vallées, dont celle de la Vallouise, où je me trouve.
Plus de 150 sommets dépassent les 3 000 m d’altitude. Les trésors de nature sont invisibles depuis la route nationale 94 qui longe la Durance et conduit à l’entrée de cette vallée, à L’Argentière-la-Bessée. Citons en quelques-uns : le vallon du Fournel, ancien site minier de plomb argentifère ; le Pré de Madame Carle (1 800 m), une des portes d’entrée du cœur du parc et chemin d’accès au glacier Blanc ; Ailefroide, deuxième site français pour la pratique de la haute-montagne ; la vallée de Freissinères, l’un des plus longs vallons « suspendus » de l’arc alpin ; le hameau de Dormillouse, fleuron du patrimoine culturel de la Vallouise ; la réserve naturelle des Deslioures…
Les prestataires privés et institutionnels, conscients de la demande croissante des clients pour des activités proches de cette nature, multiplient les initiatives. En vogue, la randonnée, la marche ou le ski nordique attirent de nombreux pratiquants. En plus du domaine de Puy-Saint-Vincent, vous pourrez pratiquer ces disciplines été comme hiver à Vallouise et à Freissinières, secteurs où des sorties en traineaux à chiens sont aussi proposées. L’hiver, Ailefroide se rejoint exclusivement à pied. En raquettes, on atteint ce hameau pour le plaisir de la randonnée et… de la table. Au bout de l’effort, le chalet-hôtel d’Ailefroide, centenaire, accueille les trappeurs autour d’un repas de terroir et d’un sauna. En été l’ambiance est tout aussi conviviale.
En raquettes ou chaussures de randonnée, le bivouac sous tipi est une autre option. En fin de journée, un accompagnateur vous emmène vers cet hébergement outdoor original. Une nuit pleine de surprises vous attend… Appretez-vous à observer le spectacle de la faune sauvage : une marche d’approche vers Dormillouse permettra d’apercevoir des chamois… et peut-être des traces de loups. Pelvoux-Vallouise dispose de son propre espace, Freissinières aussi. Puy-Saint-Vincent propose un itinéraire sécurisé, la « Rando Ski de Pré Rouge ». Soit une grimpette en autonomie jusqu’au somment du Rocher Noir, à travers la forêt. Si ces efforts ne vous ont pas détendu, il restera à essayer les « bains de forêt ». Une séance de 3h d’interaction avec les arbres, où l’on s’allonge pour observer la canopée et les nuages en stimulant ses cinq sens…
Ne parlons pas d’alpinisme, réservé aux véritables sportifs de haute-montagne. Mais de pratiques engagées et sécurisées, permises grâce à l’âpreté du décor. En tête, la cascade sur glace ou et le ruisseling.
Les Ecrins sont un des hauts lieux européens de la cascade sur glace en hiver et du canyoning en été. Plus de 300 cascades y sont répertoriées. Chaque année en hiver, le hameau de Freissinières accueille Ice Climbing, un événement majeur où convergent les meilleurs glaciaristes du monde entier. Très encaissée, la vallée se fige dans la glace aux premiers grands froids. Particulièrement esthétique et abordable – les secteurs sont entièrement balisés -, c’est une merveille pour tous les glaciairistes… et les amateurs éclairés, venus éprouver des frissons en chaussures à crampons et piolets.
En été, le Vallon du Fournel, au-dessus du village de l’Argentière-la Bessée, est un terrain de jeux incomparable pour les amateurs de canyoning : ici, il faut à peine marcher 10 minutes pour rejoindre le point de départ d’un parcours de deux heures ! Glissez dans les toboggans naturellement creusés dans les rochers, sautez dans des trous d’eau, marchez et nagez dans les torrents de montagne : de quoi faire chuter la température de quelques degrés en pleine chaleur.
Encadrée par un guide spécialisé, ces activités sont accessibles à tous. Avec un matériel adapté et des conseils avisés, chacun peut s’initier aux plaisirs de l’extrême, en jouant les équilibristes dans ces dédales naturels. Poussées d’adrénaline garanties !
Le dénivelé intense des Ecrins est aussi un terrain propice pour les sportifs accomplis. A Vallouise, les pistes techniques et sauvages de l’Onde font ainsi autorité auprès des touristes-athlètes et des trailers sur neige. Une autre activité hivernale, plus « loisir », a le vent en poupe : le ruisseling. Plus accessible que la cascade sur glace, cette activité consiste à remonter des torrents gelés dans des gorges encaissées, avec un guide de haute-montagne. A nu, la glace exige de chausser des crampons. L’activité, assez récente et pas trop engagée, est idéale pour les amoureux de nature calme.
Thibaut BlaisChalet AlpeluneLa demande écologique pousse les professionnels à proposer des logements insolites. Les Ecrins ne sont pas à la traine, avec une panoplie d’hébergements responsables ou inédits.
Dormir à l’hôtel ou dans une chambre d’hôte ne suffit plus à satisfaire les clients. Dans leur appétit grandissant de proximité – de fusion, même – avec la nature, ils se ruent depuis quelques années vers des logements atypiques. Leur crédo : les matériaux éco-durables, la connexion directe avec la vie sauvage, voire une sobriété du confort (avec des toilettes sèches ou un poêle à bois, par exemple), acceptable à condition que le rêve soit au rendez-vous.
Les Ecrins ont intégré ce besoin et communiquent sur des hébergements adaptés. Il en est ainsi du tipi (voir plus haut), proposé comme refuge nocturne après une approche en randonnée. Les touristes peuvent également choisir des nuits dans une maison d’hôtes, elle aussi accessible seulement à pied. Au hameau de Dormillouse, L’Ecrin de Violette se rejoint après une marche facile d’environ 45 mn. Restauré, l’hébergement propose deux chambres et une table d’hôtes. Car une fois arrivé, pas question de repartir à pied trouver un restaurant !
Au gîte-refuge Le Pas du Loup, à 1 530 m d’altitude (à Saint-Martin-de-Queyrières), on dort dans un chalet en bois massif conçu selon un procédé bio-climatique, équipé d’un chauffage solaire et… d’une lunette astronomique. Un havre de paix pour observer les étoiles, loin des nuisances sonores et lumineuses. Le camping de l’Iscle de Prelles dispose, lui, de kotas finlandais. Tout en bois, venus du grand nord européen, ils offrent un espace de vie spacieux et lumineux sous leur toit recouvert de neige.
A Vallouise, village de fond de vallée apprécié pour ses chalets traditionnels à arcades de marbre, l’hébergement éco-construit Au Fil de l’Onde plaira aux adeptes de convivialité et de circuits courts. La cuisine servie est bio et locale. Et pour se détendre au grand air, plouf dans le bain en bois norvégien ! J’ai entamé ce sujet par Puy-Saint-Vincent. Je l’achève de la même manière : au chalet Alpelune, labelisé écogîte et Esprit Parc, les propriétaires venus des Pays-Bas ont bâti une demeure traditionnelle en pierre, bois et toit de mélèze. Tables gourmande et cheminée vous reposeront très certainement après une journée de plein air dans ces Ecrins si sauvages.