Testé pour vous. Fascinante croisière au fil du Douro

Christiane Goor,
09-06-2022
Pour découvrir Porto, son vin et son fleuve, le Douro, rien de tel que la formule d’une croisière aller-retour à travers un paysage culturel d’une beauté exceptionnelle tout en prenant le temps de vivre, allongé sur un transat, dans l’eau chaude de la piscine, ou debout à la proue du bateau. Suivez le guide, nous avons testé pour vous cette croisière vraiment pas comme les autres.

Découvrez ici notre offre Croisière sur le Douro

L’écluse de Carrapatelo © @ Charles Mahaux

Une succession d’écluses

Le dénivelé entre le niveau de l’Océan Atlantique et celui du petit port de Barca d’Alva à la frontière espagnole est de 125 m sur une distance de 208 km. Le cours tumultueux du fleuve a pu être dompté par la création de 5 barrages avec leurs écluses qui sont autant d’ascenseurs aquatiques pour les bateaux qui remontent ou descendent le Douro. De quoi vous impressionner car ces écluses n’offrent que 30 cm de jeu à droite et à gauche de la coque du bateau et c’est à l’œil que le capitaine se glisse dans le couloir étroit que forme le sas fermé par une double porte, voire par une porte cylindrique qui se glisse de haut en bas. En effet nous passerons l’écluse de Carrapatelo qui serait dit-on la plus haute écluse d’Europe avec ses 35 mètres qui se franchissent pourtant en 25 minutes à peine. A l’inverse, au retour vers Porto, nous serons tout aussi surpris, voire étourdis de découvrir le fleuve à quelque 22 m en contrebas des écluses do Pocinho et da Valeira.

Vue sur les vignobles et le fleuve depuis la quinta © Charles Mahaux

Entre plans d’eau paisibles et gorges étroites, un paysage monumental de terrasses

La création des barrages a quelque peu transformé par endroits le fleuve en plans d’eau paisibles d’une écluse à l’autre, avec même quelques jolies plages de rivière de sable. Des activités telles que kayak, aviron, paddle, jet ski se découvrent dans la première partie de la croisière mais plus on remonte le fleuve, plus on éprouve cette sensation étrange de changer de monde. On se laisse happer par ce paysage monumental de terrasses qui quadrillent les pentes raides des collines qui se succèdent au bord de l’eau, en alternance avec des sols accidentés de roches schisteuses qui dégringolent vers le fleuve là où il devient plus étroit en taillant son lit entre des gorges. Le paysage devient plus âpre et les terrasses alignent au côté de vignes des oliviers et des amandiers. Des hameaux aux murs blanchis resserrés autour d’une église et des quintas avec leurs bâtiments viticoles jalonnent ce paysage, à mi-hauteur des collines. Pas étonnant que l’Unesco ait accordé dès 2001 son label à toute la région viticole du Alto Douro dans la catégorie des paysages culturels.

Une ancienne rabelos devant la façade historique de Porto © Charles Mahaux

A la source du porto

Du vin est produit dans la vallée du Douro depuis l’Antiquité et au fil des siècles, on exportait déjà, en particulier en Flandres et en France, les vins du Douro connus comme « vins parfumés » c’est-à-dire vieillis. En 1756, il fut décidé de contrôler les origines géographiques du vin pour protéger sa qualité et sa commercialisation. Depuis 1980, c’est l’Institut du Douro, installé à Peso da Regua situé sur les rives du fleuve, qui décerne le label de qualité aux viticulteurs et définit la quantité autorisée de production de porto d’après celle de la récolte. Le reliquat est vendu en vin de table du Douro. Ceci explique la confusion possible entre les vins du Douro et de porto, souvent produits dans les mêmes lieux.

La silhouette de Sandeman © Charles Mahaux

Tout commence au 17ème siècle quand les Britanniques prirent langue avec le Portugal pour résister à Napoléon. Des négociants anglais privés de vins français par le blocus imposé par l’empereur prirent goût aux vins plus capiteux du Douro. Toutefois ceux-ci supportaient mal la traversée jusqu’en Angleterre et un négociant eut l’idée d’y ajouter de l’eau-de-vie pour arrêter la fermentation. Les fûts étaient alors emmenés sur des barques à fond plat, des rabelos, jusque dans les chais situés à Vila Nova de Gaia, à l’opposé de Porto, sur la rive gauche du fleuve Douro. Toutes les marques sont ainsi représentées dans un ensemble de bâtiments rassemblés en une sorte de village.

Flancs des collines couvertes de vignes © Charles Mahaux

La croisière propose des excursions œnologiques

Retenons-en deux, celle qui permet de grimper sur le plateau viticole à 600 mètres d’altitude à la Quinta de Avessada et ensuite celle qui permet de découvrir dans la Quinta do Seixo les vignobles de l’entreprise Sandeman dont l’emblème est un mystérieux personnage au chapeau d’hidalgo et à la cape universitaire. Deux escapades qui permettent de découvrir le fleuve depuis les hauteurs, de mieux comprendre comment s’organisent les menues terrasses de schiste sur lesquelles ne pousse qu’une seule ligne de vigne dont les racines peuvent s’enfoncer dans la structure feuilletée des sols schisteux jusqu’à une dizaine de mètres à la recherche d’eau !

Le manoir du Solar de Mateus © Charles Mahaux

D’autres excursions plus culturelles au fil de la croisière

Lamego, lieu important de pèlerinage auprès du monumental sanctuaire baroque de Nossa Senhora dos Remedios revêtu d’un crépi blanc qui fait ressortir les arêtes de granit. Non moins monumental, le spectaculaire escalier baroque à double volée qui grimpe à flanc de colline jusqu’au sanctuaire. 686 marches qui ménagent de jolies perspectives sur l’envolée de ses 9 paliers ornés de sculptures, de fontaines et de magnifiques tableaux d’azulejos.

A Lamego, un des paliers de l’escalier monumental © Charles Mahaux

Castelo Rodrigo, petit village médiéval cerné d’imposants remparts coiffe une éminence qui ouvre sur un panorama circulaire sur le plateau planté d’oliviers, de chênes et d’amandiers. Il ne reste qu’une trentaine d’habitants qui vivent dans ces maisons intramuros, les autres préférant la petite ville plus moderne en contrebas mais ces irréductibles offrent aux visiteurs la découverte de leur village avec des produits locaux de qualité et une terrasse sous la treille avec une vue incomparable sur le paysage.

La Plaza Mayor de Salamanque © Charles Mahaux

Salamanque, en Espagne, à quelque 120 km du quai de Vega Terrón, notre port d’attache pour deux nuits. Joyau préservé par l’Unesco depuis 1988, cette cité, siège d’une des plus vieilles universités européennes et ville phare de l’Espagne castillane, est l’un des plus grands lieux artistiques et historiques d’Espagne. Roman, gothique, renaissance, baroque, plateresque, néoclassique, romantique, tous les styles se conjuguent à Salamanque dans une fastueuse monumentalité qui donne le vertige. Après une visite guidée qui aide à décoder le centre historique, place à l’errance au cœur d’un lacis de ruelles et de placettes qui convergent vers le centre névralgique de la cité, vers l’incomparable Plaza Mayor, sans aucun doute l’une des plus belles d’Europe.

Le Solar de Mateus, un élégant manoir du 18ème siècle, véritable bijou de l’art baroque dont la visite permet de découvrir des lieux qui n’ont rien perdu de leur histoire, toujours en mouvement au fil des générations. Les jardins sont également une merveille d’art paysager avec un jardin de buis à la française, une roseraie, un tunnel de cèdres et surtout un lac, un miroir d’eau construit dans les années 50, qui prolonge l’ensemble édifié avec sa façade principale se reflétant au milieu d’un bois de châtaigniers et de chênes.

Les anciens rabelos à Porto © Charles Mahaux

Porto, la perle du Nord.

Comme le port de croisière de Porto se trouve à Vila Nova de Gaia, ville jumelle de Porto qui se trouve sur l’autre rive du Douro, c’est depuis le bateau ou du quai le long du fleuve que l’on découvre la ville. Depuis les hauteurs de la cathédrale ou de la haute tour dos Clérigos, la cité dégringole jusqu’aux quais dans un entassement de hautes maisons étroites et colorées qui superposent leurs balcons souvent garnis de linge qui sèche. En avant-plan, les célèbres rabelos, ces barques en bois qui jadis transportaient depuis les vignobles à une centaine de km en amont les barriques de vin en évitant les remous du Douro grâce à un jeu habile de la grande perche en poupe.

C’est encore à pied que Porto se découvre le mieux. Il suffit de traverser le pont métallique à double tablier Dom Luis I pour arriver dans le quartier très animé de Ribeira. Au départ du quai colonisé par d’accueillantes terrasses de restaurants ou de cafés, on peut choisir de s’enfoncer dans des ruelles pavées labyrinthiques, pentues et obscures qui débouchent sur des placettes, des églises baroques, des couvents, des façades tapissées d’azulejos, des balcons en ferronnerie, jusqu’à rejoindre enfin l’esplanade de la cathédrale qui a plutôt l’allure d’une église-forteresse. Du parvis la vue s’ouvre sur le fleuve et ses quais mais aussi sur la dégringolade des toits rouges de cette ville en montagne russe.

Au départ de Porto, 2 dernières excursions patrimoniales dans la terre du Vinho Verde

Braga, une destination qui combine histoire, culture et flânerie avec son labyrinthe de venelles, ses églises gothiques qui font dire de Braga qu’elle est la Rome portugaise, ses rues commerçantes aux maisons recouvertes d’azulejos et ses bâtiments baroques. Le jardin de Santa Bárbara est à découvrir pour la luxuriance de ses fleurs mais aussi pour les bâtiments historiques qui le bordent.

Les jolies placettes de Guimarães © Charles Mahaux

A Guimarães situé à quelque 25 km de Braga, la visite commence dans la ville haute, au palais des Ducs de Bragance construit au 15ème siècle. La ville basse abrite un quartier médiéval si bien préservé qu’il a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. On y musarde de venelles tortueuses en placettes occupées par les terrasses des cafés, le regard attiré par le linge qui sèche devant des façades colorées, les jolis balcons en fer forgé, les auvents en granit et les arcs qui relient les ruelles.

Le M/S Queen Isabel

Le M/S Queen Isabel de Rivages du Monde participe aussi au charme de ce voyage. Moins de 60 cabines, toutes extérieures et équipées pour la plupart d’une large baie vitrée qui plonge sur les rives du fleuve, une table qui marie des spécialités portugaises à une cuisine plus internationale avec en accompagnement à chaque repas un vin du Douro, un salon-bar panoramique et bien sûr le pont Soleil qui accueille dès le lever du jour les passagers curieux de saisir les ambiances brumeuses de l’aube.