Qui n’est pas subjugué par la force, la beauté et la puissance d’un volcan ? Depuis toujours, je vis proche de l’Etna et des iles éoliennes. Les volcans m’ont toujours fortement inspiré. Après une extraordinaire rencontre il y a quelques années avec un volcanologue au pied du Vulcano dans les iles éoliennes, je décidai de créer un voyage découverte des volcans italiens. Pas uniquement du point de vue scientifique, mais bien de démontrer comment ces montagnes de feu ont intimement façonné la culture, l’art et les modes de vies de cette région d’Italie et de Sicile.
Après avoir embarqué à Naples pour une traversée nocturne vers les iles éoliennes, j’arrive à Vulcano. En accostant, je suis d’emblée surpris par l’odeur de soufre plus ou moins marquée en fonction du vent.
Juste derrière le port de Levante je découvre un ensemble de petites grottes d’où s’échappent ces vapeurs. Il y a également un bassin de boue et d’eaux marines chaudes. C’est un endroit qui est devenu pour moi mon petit centre Thalasso à ciel ouvert et gratuit de surcroit… Il suffit de se glisser dans le bassin, ramasser la boue volcanique au fond de l’eau, se frotter le corps et ensuite se rincer dans la mer. Après trois séances successives de10 minutes chacune, me voilà requinqué, avec une peau neuve, propre et douce.
Il y a quelques années dans ce bassin, je rencontrai un homme d’un certain âge, assez mystérieux. Quand vous vivez sur de telles petites îles, vous connaissez au bout de 3 jours tous les autochtones et reconnaissez de loin les touristes. Or, lui, n’appartenait à aucune de ces deux catégories. Etant curieux de nature, je m’approchai de lui avec l’excuse de lui expliquer le mode d’emploi du bassin qu’il semblait découvrir. Il avait un accent napolitain et en toute simplicité m’annonça qu’il était volcanologue et venait d’arriver à Vulcano pour une étude sur les volcans éoliens. Ce jour-là, en sortant du bassin, j’appris énormément de choses sur les volcans de ma région. L’envie d’approfondir le sujet et de comprendre les impacts que les volcans ont eus sur les hommes devint une obsession.
Cette concentration de volcans provient de la faille qui sépare les plaques tectoniques eurasiatique et africaine. Elles se rapprochent sans cesse et la tension qu’elles génèrent est à l’origine des volcans, des exhalaisons de vapeur de souffre, les remontés d’eaux chaudes et enfin de tremblements de terre. En 1693, l’arrière-pays de Syracuse fut frappé par une violente secousse sismique. En 1908, les villes du détroit de Messine furent rasées par un tremblement de terre qui fit 100.000 victimes… et il y en eu encore bien d’autres, des catastrophes meurtrières. Mais alors pourquoi et comment l’homme choisi de rester dans de telles conditions de vie, parfois de survie depuis plusieurs millénaires ?
C’est décidé, je vais approfondir et documenter ce sujet passionnant. J’entame un tour des principales zones volcaniques d’Italie. En commençant par la région de Naples, je visite les champs Phlégréens et la Solfatare, un immense cratère toujours en demi-activité, parsemé de projections de fumées. Un festival de couleurs jaunes, vertes, oranges, grises au sol et le long de ses parois donnent à ce volcan un côté artistique. Vraiment impressionnant. Je me rendis ensuite sur le Vésuve, l’imposant volcan endormi qui domine la région de Naples. Ce qui me surprit le plus, fût l’énorme densité de population dans la région de ces volcans. Cette première excursion me laissa un sentiment de petitesse et de grande humilité.
Me voilà parti à Pompéi accompagné d’un expert de cette cité romaine. Il m’organisa une visite plus qu’intéressante de la ville engloutie.
Les cendres momifiées des habitants de Pompéi surpris par l’éruption au 1er siècle après Jésus-Christ, finirent par me convaincre que le sujet devait conjuguer volcans et civilisation, homme et nature, art et respect. Je ne voulais pas me limiter à la visite de volcans et à une explication scientifique du phénomène. En fait ici, la chose la plus surprenante était la relation que l’homme avait établie avec une nature à la fois violente et généreuse.
Durant le néolithique, une civilisation fleurissante était née dans les îles éoliennes grâce à la lave des volcans donnant une pierre idéale pour les armes et pour la chasse : l’obsidienne. De plus, les terres dérivant de la pierre de lave étant riches en minéraux, s’avérèrent très fertiles ! Les activités humaines liées à l’exploitation agricole ont toujours été fructueuses sur les pentes des volcans. Agriculture, fruiticulture, jusqu’à l’apiculture. Ce ne sont que des exemples parmi les nombreuses opportunités que les pentes d’un volcan offrent à ses habitants.
Après avoir découvert la partie péninsulaire du voyage, cap sur les îles éoliennes. Ce sont sept îles d’origine volcaniques situées dans le sud de la Mer Tyrrhénienne, une région au Nord de la Sicile connue des marins pour ses changements météorologiques soudains. Ce n’est pas par hasard si les Grecs anciens les considéraient comme les îles du vent, royaume du dieu Eole.
Un vieux ferry quitte le port de Naples en soirée et arrive le matin tôt à Stromboli. J’aurais pu prendre l’hydroglisseur et arriver en quelques heures sur l’île, mais le ferry est plus authentique et l’arrivée à l’aube sur l’île du volcan le plus actif d’Europe est tout simplement féérique. Il faut le vivre pour comprendre cette sensation unique de paix qui vous envahit lorsqu’on quitte Naples la magnifique, ville colorée dans son jus et que l’on arrive dans ces petits villages nichés sur ces îles éoliennes où le temps perd une bonne partie de son sens…
Aujourd’hui, les choses sérieuses commencent. L’ascension du Stromboli avec un guide de montagne expérimenté. Je rejoins un petit groupe pour cette randonnée de 6 heures (aller/retour, le sommet est à 920 m d’altitude).
Le Stromboli est régulièrement en éruption. Le magma remonte dans la cheminée principale et au contact de l’air se solidifie créant un bouchon. Lorsque la pression devient trop forte (en moyenne toutes les 20 minutes) le bouchon « saute » et délivre des fusées de lave qui atterrissent loin de nous sur la « Sciara du Focu ». Au crépuscule, ces jets de lave rouges et incandescents ressemblent à de magnifiques fontaines de feu. Quel moment fort ! Quelle récompense extraordinaire que d’admirer après 3 heures de marche ce spectacle naturel.
Au retour, je rejoins l’autre partie du groupe qui a choisi de vivre cette expérience en pleine mer sur un bateau. Le spectacle n’en reste pas moins majestueux, vu de plus loin pour celui ou celle qui ne souhaite pas faire la randonnée.
Après le Stromboli, l’histoire entre les hommes et les volcans se poursuit sur Lipari, la plus grande et la plus peuplée des iles éoliennes (11.000 habitants). Ici, les gisements de pierres ponce et carrière d’obsidienne font la richesse de Lipari. Je découvre d’autres volcans en format plus réduit. Entre autres sur Vulcano, l’île voisine de Lipari, la Grande Fosse, le cratère principal qui culmine à 390 m de haut que l’on atteint facilement à pied. Vulcano est une ile magnifique, idéale pour se relaxer. Le tour de l’île, ses plages, ses criques, ses bains de boue… sont autant d’atouts pour recharger ses batteries avant d’arriver en Sicile et de découvrir l’Etna.
Bienvenue en Sicile et sur l’Etna. Ce volcan est le plus grand d’Europe : 3.340 m de haut et 1.500 km² de superficie. Un véritable univers à lui tout seul.
L’idéal est d’abord de l’observer en toute sécurité de la Torre del Filosofo (3.000m) pour découvrir les cratères de la partie sommitale. L’activité de l’Etna au cours des 10 dernières années demeure presque ininterrompue. La montée peut se faire au choix en 4X4 ou à pied. Dans le passé, l’Etna était tristement célèbre pour ses éruptions latérales via des cratères qui s’ouvraient soudainement sur les pentes du volcan. Outre les éruptions meurtrières des siècles passés, l’Etna est également source de vie au quotidien. Une richesse gastronomique considérable, une nature magnifique et surprenante, un peuple fier de sa montagne, des villes et des villages qui se sont tous adaptés aux fureurs de la montagne. Quelle leçon d’humilité et de courage.
Une découverte de l’Etna n’est pas complète sans une promenade dans les gorges de l’Alcantara, le fleuve « sculpteur » qui a façonné les basaltes de lave formant un magnifique canyon où s’engouffre la rivière. Pour terminer cette expérience, me voilà à Taormine, un bourg médiéval au pied de l’Etna.
Avec son âme grecque ancienne, son magnifique théâtre gréco-romain et sa vue panoramique sur l’Etna, Taormine est un balcon fleuri de Sicile. Cette ville compte parmi les belles d’Europe, idéale toute l’année grâce à un climat tempéré en hiver.
La Sicile vit depuis toujours à l’ombre de son volcan. Tous les événements malheureux ont été suivis de reconstructions successives rendant l’Etna source de reconversions positives successives. Ici, le volcan est considéré par les habitants comme une entité supérieure et abstraite, dangereuse mais nécessaire, importante et fondamentale dans leur vie. Ces gens n’aiment ni ne détestent leurs volcans, tout simplement parce que depuis toujours, il fait partie de leurs vies.
Voilà le voyage accompagné que je vous propose en petit groupe pour découvrir comment l’homme, l’art et le volcan se sont apprivoisés au cours des siècles,