Les six siècles d’extraction de l’argile sur les rives du Rupel ont totalement façonné le paysage. Dans les villages de briqueteries comme Noeveren et Hellegat, vous remontez le temps et êtes littéralement plongé un siècle en arrière. Ajoutez à cela de bons restaurants, une belle nature préservée, votre vélo et vous obtenez la destination idéale pour un weekend proche de chez vous et loin de la foule.
Ici, la nature est intacte, les petits chevaux Konik trottent librement et on croise aussi de nombreuses espèces aquatiques, dont une colonie de spatules blanches et plusieurs oies sauvages.
La Noordelijk Eiland (littéralement « île du nord »), entourée par le Rupel, l’Escaut et le canal de Willebroeck, est accessible par bateau au départ de Schelle. C’est le lieu idéal pour se balader à pieds ou à vélo. Certes, l’île n’est pas grande, mais elle abrite une faune et une flore très diversifiées. Il y a aussi des renards et, avec un peu de chance, vous pouvez même apercevoir des phoques. Ensuite, de retour sur la terre ferme et après cette découverte, glissez vos jambes sous une des nombreuses tables des cafés et restaurants situés le long des rives du Rupel.
À côté du vélo, on peut aussi faire de belles balades à pied dans la région du Rupel. L’un des plus beaux parcours pédestres est la balade « Nen Nielse Oemweg », qui mélange art, nature et industrie de l’argile. Vous avez le choix entre deux itinéraires : le court (5,4 km) ou le long (9,5 km). Le parcours débute à l’hôtel de ville de Niel et vous emmène jusqu’au domaine de Niels Broek, une belle réserve naturelle parsemée de nombreux canaux, étangs et anciens puits d’argile.
Je passe également par Hellegat, un ancien village de briqueteries, où je suis à nouveau confrontée au passé dur mais glorieux de cette région. Je découvre également un beau moulin à eau, alimenté par le courant du Rupel. Le parcours propose encore des œuvres de street art, comme l’imposant cheval de Dzia, peint sur le mur latéral de la Maison de la Nature.
Myriam ThysBaksteenroute, vieille cheminée et le train qui transportait les briques au vieux fourneauEn plus des zones vertes qui longent le Rupel et dans un tout autre genre, il y a la Baksteenroute (Route des Briques), un parcours cycliste de 39 kilomètres qui débute à Boom, au « Velodroom » (musée du vélo). Cet itinéraire vous emmène à la découverte de tous les hauts-lieux de la région du Rupel. Vous roulerez sur la digue du Rupel, traverserez les villages de briquetiers, avant d’arriver sur des chemins plus ruraux via la digue de l’Escaut.
Le paysage est en constante évolution : on passe des petites maisons d’ouvriers briquetiers à la grandeur de l’Abbaye de Saint-Bernard-sur-l’Escaut et du château de Cleydael. Magique.
Mais c’est bien sûr le Rupel en lui même qui est l’attraction principale de cette route. Depuis le vieux moulin à eau de Reet, on aperçoit le « Drie Rivierenpunt » de Rumst, une fourche formée par le confluent de la Dyle et de la Nèthe, qui se rejoignent pour former le Rupel.
Nouveau plongeon dans le passé lorsque l’on arrive à vélo à Noeveren, l’un des villages qui a joué un grand rôle dans le passé glorieux des briqueteries de la région du Rupel. Bien que les fabriques soient fermées depuis 1981, le patrimoine industriel reste impressionnant. Les anciens fours et cheminées forment un décor unique. J’en ai profité pour visiter deux musées (“’t Geleeg” et “EMABB”) tout en jetant un œil à l’intérieur des vieux fours et des minuscules maisons ouvrières de l’époque. Comme si toute l’industrie de la région reprenait vie…
Pour digérer cette tranche d’histoire, rendez-vous dans le restaurant populaire « In de Root », pour y déguster une portion de vol au vent ou une « schep » (carbonnade) accompagnée d’une bonne bière.
Originaire de Boom, l’artiste Kanter Dhaenens est l’initiateur du projet street art « Yellow Brick Road », en référence à la route de briques jaunes du roman « Le magicien d’Oz ».
Ce qui n’était au départ qu’un petit projet réalisé avec les œuvres personnelles de Kanter a pris de l’ampleur, pour devenir une œuvre qui s’étale sur plus de 4.000 m². Avec d’autres artistes, comme Dzia, il a apporté ses touches de couleurs au parcours qu’il effectuait chaque jour avec son fils sur le chemin de l’école.
Les œuvres sont visibles à la fois sur le parcours de la « Baksteenroute » et celui de la « Nen Nielse Oemweg ». Vous pouvez aussi, tout comme je l’ai fait, simplement parcourir la « Yellow Brick Road » à vélo et déguster au passage l’une des nombreuses bières locales… Car il y eu jusqu’à 16 brasseries implantées dans la région du Rupel. Le choix de bières reste aujourd’hui important et je vous recommande d’en goûter une dans le typique et populaire café « De Koophandel », à Noeveren.
L’Abbaye de Saint-Bernard, fondée sur la rive de l’Escaut en 1246, vous plonge dans un passé toujours lié à l’histoire des briquetiers. Ce sont les moines cisterciens qui ont fait construire l’abbaye et, avec leurs fameuses briques « Paepe », ont aussi posé les bases de l’industrie de la brique dans la région.
On rappellera que lorsque les romains ont quitté nos contrées, ils ont emporté avec eux la connaissance de la maçonnerie. Puis, jusqu’au 13e siècle, les constructions ont été exclusivement façonnées en bois ou pierre naturelle. La fabrication des briques à partir d’argile est revenue via les monastères. Aujourd’hui, cette abbaye abrite la maison communale d’Hemiksem et le musée de la céramique.
Pour conclure ce séjour en beauté, je profite de la terrasse du bar d’été Crabi-Bay, le meilleur endroit pour déguster l’excellente bière maison : l’« Abdijbier van Heymissen »… Nulle doute je reviendrai !