Testé pour vous : croisière en Patagonie à bord l’Exploris One

Christiane Goor,
15-02-2024
Nous sommes montés à bord de l'Exploris One au Chili, à Valparaiso, le 23 décembre 2023 avec quelque 80 passagers, tous francophones pour une croisière inaugurale intitulée « Au paradis des Canaux et des Glaciers de Patagonie ». Débarquement 13 jours plus tard à Ushuaïa. Voici nos impressions sur cette croisière, le bateau et l'ambiance.

Une croisière d’expédition, la vocation de l’Exploris One

Construit en 1989, rénové en 2018 et en 2023, l’Exploris One, (homologuée classe Glace 1A) est le bateau idéal pour explorer les contrées glaciaires et avec sa petite taille (108 m sur 16m), il peut se faufiler là où n’iront pas les gros navires. Ce type de croisière vous lance à la découverte de régions sauvages, isolées, souvent inaccessibles par la route. Une flottille de zodiacs permet le débarquement des passagers en petits groupes d’une dizaine de personnes sous la houlette d’un accompagnateur expert, que ce soit pour accoster sur un rivage ou pour une croisière d’approche vers un glacier par exemple. Pas de longue fille, tous les passagers sont quasiment sortis en même temps.

L’Exploris One dans un décor de glace flottante © Charles Mahaux

Le luxe de la simplicité

A bord, on trouve tout le luxe offert par des croisières traditionnelles, à savoir une cuisine gastronomique, un centre de fitness, un espace bien-être, des jacuzzis sur la proue à l’abri du vent derrière des auvents transparents et des cabines confortables parfaitement équipées. Comme les bateaux sont plus petits, l’ambiance est plus intimiste et la même passion semble animer tous les passagers de ce voyage, la découverte de ces paysages lointains qui sont parmi les dernières étendues vierges du globe. Magellan a ouvert la route liquide qui a permis de relier les deux océans mais les terres d’une âpreté sans pareille restent infranchissables.

Enfin comme ces voyages sont conçus par et pour des amoureux de la nature, tout est mis en œuvre pour minimiser l’impact sur l’environnement. Si la priorité est donnée à l’exploration au sens noble du terme, la protection de l’environnement et de ses richesses est aussi un moteur de ce type de croisière. L’Exploris utilise ainsi un combustible très raffiné et léger et ne dégage aucune fumée même blanche. Il est temps de larguer les amarres !

Un zodiac longe la falaise où se prélassent des lions de mer © Charles Mahaux

L’aventure commence à Valparaiso

Les fjords chiliens encastrés dans la Cordillère des Andes côtière qui égrène son chapelet de sommets de 3000m en toile de fond sont aussi spectaculaires que ceux de l’Alaska ou de la Norvège. De plus l’itinéraire est plus diversifié, nous sommes passés de 30° à Valparaiso à 4° 13 jours plus tard quand nous avons débarqué à Ushuaïa, ce qui implique aussi tous les dégradés de végétation.

Le glacier Pio XI, le plus grand de l’hémisphère sud © Charles Mahaux

La croisière a commencé avec deux jours en mer pour parcourir les 1200 km qui devaient nous mener à l’archipel de Chiloé. L’océan qui n’a de Pacifique que le nom nous a offert ses creux de 4 mètres, de quoi nous sentir bien vivants ! C’est qu’il faut aussi s’accoutumer au rythme de la mer et si certains s’amarinent rapidement, ce n’est pas le cas de tous. Un conseil, consultez votre pharmacien pour emporter des bracelets anti-nausées ou des patchs anti mal de mer bien utiles en cas de houle prolongée. Le programme sera d’ailleurs revu l’année prochaine pour qu’il y ait moins de jours en mer.  L’embarquement se fera sans doute à Punta Arenas, capitale de la Patagonie chilienne, avec une navigation, à définir encore, au cœur de cet incroyable fouillis d’îles qui festonnent la côte chilienne sur près de 2000 km.

L’incursion sur la côte Est de l’île de Chiloé nous a amenés dans des eaux paisibles et la première escale à Castro, capitale de l’île, nous a permis de comprendre combien sa condition insulaire a permis à l’archipel de préserver les vestiges de son passé. Ici subsistent encore les palafitos, ces maisons de pêcheurs sur pilotis qui s’étirent le long de l’estuaire de la rivière Gamboa où vivent de nombreux cygnes à col noir, à l’affut des restes de poissons déversés dans l’eau.

Lever de soleil sur Ushuaïa © Charles Mahaux

Seconde escale le lendemain au cœur de la caleta de Tortel, au fond d’un estuaire au bleu laiteux, le dernier village que la route australe, une piste caillouteuse, permet d’atteindre au Chili. Un village insolite de quelque 500 habitants perché sur des échasses avec un réseau de près de 8 km de pontons, passerelles, escaliers et ruelles suspendues longées par des maisonnettes toutes en bois qui se hissent sur les pentes noyées de fuchsias roses qui font le   délice des colibris.

La Patagonie et son dédale d’îlots

La Patagonie est une région immense qui englobe le sud de l’Argentine et du Chili. A l’inverse du côté argentin plus vaste avec des paysages variés entre des fjords andins, des lacs de montagne et les plaines désolées de la pampa, la Patagonie chilienne est une bande de terre longue, étroite, essentiellement montagneuse appelée Magallanes du nom du navigateur portugais passé au service de la couronne d’Espagne qui est le premier à reconnaître ces côtes en 1520.

Torres del Paine, région des Magallanes © Andres Briones

Une chose est sûre, le paysage brut que nous découvrons en navigant au fil d’une partie du détroit de Magellan puis ensuite du canal Beagle qui nous mène à Ushuaïa n’a pas changé depuis des siècles. Sans aucun doute est-ce une des dernières étendues vierges du globe qui s’étire sur près de 2000 km, morcelée en un puzzle d’îles et de chenaux parfois bordés par des forêts primaires infranchissables d’hêtres aux branches tortueuses courbées par les vents. Ici les Andes chutent abruptement dans l’Océan, laissant des sommets immergés creusés par des fjords débouchant sur des glaciers suspendus qui craquent avant de déverser des morceaux de glace.

Face à face insolite avec le glacier Aguila © Charles Mahaux

De glacier en glacier

Le glacier Pio XI est le plus vaste de l’hémisphère sud si on exclut l’Antarctique avec une longueur de 64 km. C’est en zodiac que l’on s’approche du géant de glace colossal en écartant des centaines de glaçons que le soleil fait miroiter. Un face-à-face qui nous laisse tous silencieux, ébahis par la puissance de la nature. Le lendemain, nous découvrons à pied le glacier Amalia après un débarquement au ras de l’eau sur une plage de galets hérissée des icebergs qui s’y sont échoués après avoir été vêlés par le glacier. Un autre jour nous débarquons en zodiac pour une promenade, les bottes dans l’eau, autour d’un lagon formé par la fonte du glacier Aguila, un immense bloc de glace au cœur de la cordillère de Darwin, dans un éblouissant décor de montagnes enneigées survolées par des condors.

Le glacier Garibaldi expulse des icebergs © Charles Mahaux

Dernier glacier approché en zodiac, le Garibaldi au fond d’un fjord du même nom, une immense paroi glacée aux nuances de saphir caractérisé par une moraine médiane qui montre que ce glacier est né de la jonction de deux flux de glace distincts. Le fjord élève ici de hautes parois sillonnées par des cascades d’eaux vives et la flore trouve le moyen de prospérer dans cet environnement rocailleux qui accueille des colonies de cormorans et même un harem de lions de mer autour d’un mâle puissant nullement impressionné par notre passage silencieux en bordure de la falaise, que ce soit en zodiac ou en kayak.

Une croisière francophone

Philippe Videau, qui peut se targuer d’une longue expérience dans le domaine puisqu’il a été un des cofondateurs du croisiériste français d’expédition Ponant dont il a été président durant une vingtaine d’années avant de le quitter pour réitérer l’aventure avec la fondation en 2021 d’une nouvelle compagnie 100% française, Exploris, assume totalement ce choix qui assure à tous les passagers (français, belges, luxembourgeois et suisses) de pouvoir à la fois s’exprimer dans sa langue et entendre toutes les conférences essentielles à l’appréhension de l’environnement qu’on aborde.

La timonerie de l’Exploris One © Charles Mahaux

En dehors de celles-ci délivrées par les experts de l’équipe de l’expédition (naturalistes, géologues, glaciologues) et des sorties quotidiennes, les liens se sont noués entre les passagers qui partagent leurs journées entre le salon d’observation à l’avant du bateau et les ponts panoramiques d’autant qu’il est possible de faire le tour intégral du pont 6 pour un total de 202 mètres, idéal pour se dégourdir les jambes tout en s’immergeant dans le paysage. Sans oublier bien sûr le restaurant qui offre des menus d’exception entre cuisine française et spécialités locales alimentées par les saumons et fruits de mer de la région, un incontournable rendez-vous gourmand tout en gardant un œil sur les berges des canaux empruntés.

Confortable cabine standard © Charles Mahaux

Les journées sont longues ici dans l’été austral et plus on descend vers le grand sud plus le coucher de soleil tombe tard, bien après 22h, de quoi nous garder les yeux rivés sur cette nature vierge, puissante et sauvage, et même si on admire Magellan, Darwin ou Cook qui ont affronté le même environnement, on se sent terriblement chanceux de naviguer sur leurs traces dans un bateau qui offre autant de confort et de sécurité.

Jusqu’à la mi-mars, Exploris One continuera à voguer entre la péninsule antarctique et les îles Malouines avant de traverser l’Atlantique vers le Sénégal, les Bijagos, le Cap Vert et les Açores. En été il remontera vers les îles britanniques avant d’aborder le grand Nord avec le Spitzberg, l’Islande, Le Groenland et l’Arctique canadien jusqu’au Saint-Laurent.

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