Chaque année, des milliers de pèlerins, croyants, athées
ou simples touristes, se lancent à l’assaut du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. En 2018, 327.378 personnes (dont 2.135
Belges) venues des quatre coins du monde ont pris la route pour rallier la
capitale de la Galice. Un parcours qui sillonne notamment le nord de l’Espagne
et qui peut en fait s’effectuer en suivant différents itinéraires : le chemin français, le chemin du nord et le chemin
primitif. Une série de routes secondaires existent également, à
l’image du chemin
anglais, de la route de l’argent ou encore du chemin portugais. Il n’y a donc pas un
chemin mais bel et bien plusieurs !
Tout savoir sur l’étape finale
Quel que soit l’itinéraire que vous choisissez, il y en a un qui vous permettra d’aborder le nord de l’Espagne d’une manière différente. Celui-ci passe par des « villes musées » qui valent bien quelques détours et donc une poignée de kilomètres de marche en plus !
Commencez par la ville de Pampelune où tout est prévu pour les pèlerins avec de
nombreuses ruelles qui sont jalonnées de bars et de restaurants qui invitent à
s’asseoir et se restaurer. Passez ensuite à Logroño,
capitale de la province de La Rioja. Cette ville n’a commencé à prendre de l’importance
qu’au moment où le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en a lui même pris.
Celle-ci est riche d’un patrimoine historique étroitement lié au pèlerinage. Prenez ensuite la direction de Burgos, où vous pourrez contempler un
chef-d’œuvre architectural : une cathédrale inscrite au Patrimoine de
l’Unesco. Bâtie sur une ancienne église romane, celle que l’on peut toujours
admirer aujourd’hui a suivi un modèle gothique franco-normand.
Entre Burgos et León, ne manquez pas
la petite ville de Frómista,
capitale incontestée du style roman de la région de Palencia. Des églises comme
celles de San Pedro et Santa María comptent parmi l’offre culturelle de la
localité, tout comme l’ermitage de Santiago et sa représentation de la Virgen
del Otero. Mais le plus beau bijou de Frómista est l’église San Martín, une œuvre d’art
devenue tout un symbole. Ce temple, fondé en 1035, se distingue par la pureté
de ses lignes et un parfait équilibre entre art architectural et décoration
somptueuse. Une belle halte spirituelle pour tous les pèlerins.
Étape suivante : la superbe
cathédrale de León.
Ses vitraux vous gratifieront d’un
spectacle chromatique parmi les plus impressionnants du voyage. Vous ne
regrettez pas non plus votre visite à Astorga,
où vous pourrez notamment admirer l’un des chefs d’œuvre de Gaudí : le
palais épiscopal de la ville. Plus loin encore vous croiserez le chemin de la
cité de Lugo
qui possède une muraille romaine de 2,2 km, la mieux conservée au monde !
Celle-ci a d’ailleurs été classée au Patrimoine de l’Unesco en 2000.
Le clou du spectacle est indéniablement la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui est d’une beauté spectaculaire. La meilleure vue de la cathédrale est celle que l’on peut admirer si on s’allonge sur la place de l’Obradoiro. Un répit bien mérité avec une vue imprenable après les nombreux kilomètres que vous aurez effectués !
Faire le chemin de Compostelle, c’est également une occasion parfaite de goûter aux spécialités traditionnelles locales qui méritent d’être dégustées dans un esprit de tranquilité et de plénitude. Vous êtes porté par la route, les paysages … et les saveurs.
Pour vous guider dans votre parcours
gastronomique, voici les haltes à ne pas manquer ainsi que leurs principales
spécialités. Nous ferons surtout référence aux régions parcourues par le « chemin français » qui passe
par l’intérieur des terres sur plus de 700 km. Dans chaque région, vous
pourrez reprendre des forces dans des auberges, proposant des menus pour les
pèlerins, mais aussi dans des restaurants de luxe ou encore dans les
incontournables paradores (châteaux et
manoirs transformés en hôtels).
Partons sur le « chemin nord », celui-ci démarre à Irún
et traverse les régions du Pays basque, de Cantabrie, des Asturies et de la
Galice. Son paysage est l’un de ses plus grands attraits, la plupart du trajet
se déroulant le long de la côte, entre les montagnes et la mer Cantabrique.
Pour les plus vaillants, il est possible de pousser une pointe jusqu’au
Finisterre !
L’une des variantes du « chemin français » débute à Roncesvalles, ville de Navarre connue dans l’histoire pour sa bataille éponyme durant laquelle
l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne fut détruite en 778. À Roncevaux (traduction française de
Roncesvalles), on trouve des produits tels que
les artichauts de Tudela, les poivrons de piquillo ou les
asperges de Navarre, autant de légumes de qualité qui ne laisseront personne
indifférent. Sans parler de certains de ses fromages, comme
l’Idiazabal ou celui de Roncal. Après le repas, vous verrez qu’il est
typique de boire un verre d’une liqueur aromatique appelée patxaran.
Étape suivante : La
Rioja. Parmi
ses plats emblématiques, on retrouve la morue et les pommes de terre façon
Rioja ou les côtelettes aux sarments de vigne. Mais cette région est
surtout réputée pour ses vins connus internationalement. Une bonne façon de les
déguster est de se rendre dans une bodega offrant un menu dégustation voire, si
vous avez le temps, de vous inscrire à un cours.
Le
« chemin français » passe
par trois régions de Castille-León, de véritables paradis pour les amateurs de
viande. D’abord Burgos,
où le rôti d’agneau et le boudin sont plus que recommandés,
accompagnés d’un délicieux vin Ribera del Duero. Puis Palencia, où en plus de l’agneau, vous
pourrez commander un ragoût de crabes ou des cailles mijotées.
Enfin, à León,
les voyageurs repartent ravis du botillo, de la cecina ou
du cocido maragato, trois préparations traditionnelles que vous ne
trouverez nulle part ailleurs !
Enfin, en Galice, à la fin de votre pèlerinage, une gastronomie riche en tentations vous attend : le poulpe á feira, le jambonneau au brocoli-rave, l’empanada, le cocido galicien, les poivrons de Padrón, la tarta de Santiago et les fruits de mer frais comme les pétoncles, les étrilles et les coquilles… Saint-Jacques, symboles du chemin de Compostelle. Sa boisson typique, la queimada, offre une expérience très curieuse. Sa préparation nécessite un rituel spécial au cours duquel une conjuration est récitée pour éloigner les mauvais esprits. Vous verrez qu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, bien manger est presque aussi important que visiter la cathédrale !
Il y a probablement autant de raisons de parcourir les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle que de pèlerins à se lancer dans cette aventure. Mais avant de relever ce défi, assurez-vous que vous êtes suffisamment préparé, surtout si vous décidez de marcher ou de pédaler !
Les « vrais
» souhaiteront obtenir à leur arrivée à Saint-Jacques le certificat qui
attestera de leur exploit : la Compostela.
Pour ce faire, vous aurez besoin d’une pièce d’identité ainsi que de la carte
du pèlerin, une espèce de passeport qui vous permettra de loger dans les
auberges situées tout au long du parcours, où vous pourrez obtenir, tout comme
dans les paroisses, les mairies et même certains bars, le cachet qui atteste de
la réalisation de l’étape du jour.
Vous
trouverez la Compostela dans la
majorité des paroisses et auberges qui jalonnent le parcours tandis que
l’ultime cachet — celui de la cathédrale de Saint-Jacques — est délivré au
bureau de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sachez que ce passeport n’est octroyé
qu’aux pèlerins qui s’engagent à réaliser au moins les 100 derniers kilomètres
à pied ou à cheval, ou les 200 derniers kilomètres à vélo !
La ville de Saint-Jacques-de-Compostelle célèbre l’année jubilaire chaque fois que le 25 juillet, jour de Saint-Jacques le Majeur, coïncide avec un dimanche. Ce sera le cas en 2021.
L’année jubilaire est inaugurée avec
l’ouverture de la Porte Sainte l’après-midi du 31 décembre de l’année
précédente. Comme un symbole de la pénibilité du chemin, l’archevêque de
Saint-Jacques frappe trois fois à l’aide d’un marteau en argent le mur qui ferme
cet accès. La porte reste ensuite ouverte les douze
mois qui suivent, constituant le passage que les pèlerins utiliseront pour
pénétrer dans le temple.
En outre, tout au long de cette
année spéciale, les pèlerins qui le souhaitent peuvent obtenir l’indulgence pleine, à savoir le pardon
des péchés. Pour ce faire, ils doivent satisfaire à une série de préceptes tels
que visiter la cathédrale de Saint-Jacques, prier et recevoir les sacrements de
la pénitence et de la communion.
Notez enfin que rallier Saint-Jacques-de-Compostelle, c’est
aussi une expérience humaine. Tout au long de votre pèlerinage, vous ferez
connaissance d’autres pèlerins venus des quatre coins du monde. Partout où vous
passerez, vous vous sentirez chez vous car les habitants des lieux traversés
réservent toujours un accueil chaleureux.