Rares sont les Occidentaux à même de pouvoir pointer l’Azerbaïdjan sur une carte. Coincé entre des puissances aux velléités expansionnistes, le pays fait figure de havre de stabilité dans la région depuis qu’il a gagné son indépendance au moment de l’éclatement de l’URSS en 1991. Et bien qu’il n’ait pas accès à une mer ouverte, il possède néanmoins un littoral de 713 km qui court le long de la mer Caspienne.
L’Azerbaïdjan bénéficie d’une situation géographique particulière, au carrefour de l’Europe et de l’Asie. Ce n’est pas pour rien que le pays a été un haut lieu de la route de la soie et qu’il a de tout temps constitué un intérêt tant commercial que stratégique, suscitant la convoitise de ses voisins. Pendant plus de 2.000 ans, le pays a été régulièrement envahi et occupé par les conquérants, d’Alexandre le Grand à la Russie, sans pour autant perdre ses valeurs culturelles et identitaires. Sécularisé durant l’ère soviétique, l’Azerbaïdjan reste très attaché au principe de laïcité. Une singularité pour un pays à majorité musulmane, qui tente de résister aux pressions de groupes religieux de plus en plus présents. Un constat frappant pour tout Occidental : on trouve en effet plus de femmes voilées à Bruxelles, Paris ou encore Berlin qu’à Bakou, la capitale. Dans les bars de cette dernière, la bière et les vins locaux coulent à flot tandis que les températures estivales encouragent bon nombre d’Azéries à se vêtir très légèrement. Seules les quelques mosquées de la capitale, remarquablement entretenues, rappellent que le pays est majoritairement musulman.
Sheki est l’une des plus anciennes villes d’Azerbaïdjan. Située à 325 km de Bakou, cette ancienne étape de la route de la soie se distingue par son glorieux passé ainsi que par un artisanat ancestral.
C’est en effet ici que sont fabriqués à la main des tapis vendus aux quatre coins de la planète et que l’on trouve le somptueux palais de Sheki Khan construit au 18e siècle et aujourd’hui classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Résidence d’été du Hadji Chalabi Khan, le fondateur de la principauté de Sheki, il a fallu dix années pour bâtir l’édifice : deux pour le gros œuvre et huit pour sa luxueuse décoration ! Sa façade est décorée de motifs géométriques multicolores et percée de deux entrées. L’une était réservée au dignitaire local, l’autre à ses invités. Chacune est surmontée d’un balcon, dont les plafonds creusés de niches sont entièrement tapissés de miroirs. À l’intérieur, on ne peut qu’être admiratif face aux vitraux colorés et aux mille et unes fresques qui recouvrent les murs.
Pour un plongeon dans l’artisanat local, rendez vous au musée des arts appliqués de la ville où de nombreux objets réalisés à la main sont exposés et proposés aux visiteurs de passage. On peut aussi poursuivre la visite en se rendant à la mosquée du Khan, construite au 18e siècle à l’aide de galets et de briques.
En persan, Azer signifie “feu sacré”. Azerbaïdjan peut donc se traduire par “le territoire du feu sacré”. Ce n’est pas un hasard si le zoroastrisme, cette religion qui honore le feu, a vu le jour dans ce pays avant d’être anéanti par l’islam. La raison est simple : ce territoire d’un peu plus de 85.000 m2 est doté d’innombrables gisements de pétrole et de gaz à tel point que dans certaines zones du pays, on peut tomber sur des sites où des flammes jaillissent du sol, quelle que soit la saison. C’est notamment le cas à Yanar Dag, une colline de la péninsule d’Abşeron, où un feu perpétuel peut être admiré tout au long de l’année. Une expérience étonnante, encore plus impressionnante à la tombée du jour !
Autre phénomène naturel à ne pas manquer sur place : les volcans de boue. Dans le pays, on dénombre des dizaines de plaines à l’aspect lunaire qui rejettent en continu un mélange de boue, d’huile minérale et de gaz. Parmi celles-ci, le site de Gobustan, situé à une heure en voiture de la capitale. Dans ce paysage post-apocalyptique, quelques cônes gargouillent et crachent une boue épaisse et grisâtre. Composée de quelque 90 minéraux différents, ainsi que de substances organiques et de sels minéraux, celle-ci aurait des propriétés remarquables pour la peau, à tel point qu’un centre de bien-être y ouvrira bientôt ses portes. De quoi profiter pleinement de cet étrange cadeau de la nature.
Derrière ses airs de Monaco du Caucase, avec ses grosses cylindrées rutilantes et ses vitrines qui n’ont rien à envier à l’avenue des Champs-Élysées, Bakou met un point d’honneur à célébrer et à faire connaître la riche culture du pays. C’est que comme bon nombre d’anciennes républiques socialistes, après avoir acquis son indépendance vis-à-vis de l’URSS, l’Azerbaïdjan renie aujourd’hui ce sombre passé. Une prise de distance qui s’est notamment manifestée via l’architecture, un vecteur permettant au pays de se rapprocher de l’Europe au travers d’une image moderne. Des Flame Towers inaugurées en 2012 au Baku Crystal Hall qui a accueilli l’Eurovision la même année, les capitaux générés par les découvertes récentes de gisements de pétrole et de gaz s’expriment au travers de monuments et de constructions qui en mettent plein la vue.
Parmi ces édifices remarquables, il y a le centre Heydar Aliyev, l’un des ouvrages les plus emblématiques réalisé par l’architecte anglo-irakienne Zaha Hadid. Centre culturel, musée, bibliothèque et auditorium, on y trouve tout ce qui touche à la culture locale. Des instruments de musique ancestraux y côtoient des œuvres d’art, des tenues traditionnelles ou encore une partie des limousines de feu le président Heydar Aliyev, dont une rare et impressionnante ZIL 41047. Y passer quelques heures et y déguster un verre de vin de grenade en fin de visite est le meilleur moyen de s’immerger dans la culture locale.
Autre haut lieu culturel à ne pas manquer à Bakou : le musée national du tapis. Fondé en 1967, celui-ci est unique en son genre. Jadis installé au sein de la mosquée Djuma, il a été déplacé en 2008 au sein d’un bâtiment aux lignes originales qui évoquent un tapis géant partiellement roulé sur lui-même. Le musée propose plus d’un million de pièces, dont une majorité de tapis du Caucase. On y découvre aussi les méthodes de fabrication ainsi que d’autres éléments de cet artisanat intimement lié à la culture azérie, où la pratique du tissage remonte à l’Antiquité.
Édifiée sur un site habité depuis la nuit des temps, la vieille ville fortifiée de Bakou incarne une continuité culturelle exceptionnelle avec des traces de présence zoroastrienne, sassanide, arabe, perse, shirvani, ottomane ou encore russe. La ville intra-muros a conservé une grande partie de ses remparts du 12e siècle tout comme une série d’édifices admirables comme la Tour de la Vierge, dont les fondations d’origine remontent aux 7e siècle avant notre ère, et le Palais des Chirvanchahs, chef-d’œuvre de l’architecture azerbaïdjanaise édifié au 15e siècle et considéré comme “l’Acropole de Bakou”. Ce site très bien conservé réunit la mosquée du palais avec son minaret, sa rotonde, un sanctuaire, des bains ainsi qu’un musée qui retrace fidèlement l’histoire du lieu.
Érigée sur une colline, la vieille ville de Bakou invite à se perdre dans ses ruelles étroites et à profiter d’une vue imprenable sur les quartiers alentours, plus modernes, ainsi que sur la mer toute proche. Et si le jour on y flâne volontiers au gré du charme des lieux, le soir c’est une toute autre atmosphère qui y règne avec une kyrielle de petits restaurants et de bars animés.
L’Azerbaïdjan peut se targuer d’une très longue histoire de production viticole. Des fouilles archéologiques ont en effet mis au jour des jarres contenant un vin datant du deuxième millénaire avant notre ère. Une tradition qui s’est poursuivie presque sans interruption dans le pays, malgré les premières interdictions islamiques au Moyen-Âge ou encore des campagnes d’arrachage des vignes lancées durant la période soviétique. Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan produit toujours du vin, caractérisé par un goût fruité et parfois légèrement sucré.
Dans les assiettes, la viande tient une place importante et notamment celle de mouton qui est appréciée pour son goût prononcé. On prépare celle-ci au barbecue, le kebab étant le plat de base d’un repas local. Le plus souvent, le mouton grillé est accompagné de nombreux légumes et d’herbes aromatiques que l’on extrait au fil du repas depuis un bouquet placé au centre de la table. L’un des plats les plus populaires n’est autre que le “shah pilaf”, une préparation à base de riz, d’agneau, d’abricots secs, de noix et de raisins, cuite dans une pâte croustillante que l’on découpe à table. Une expérience particulièrement conviviale.
Préservé du tourisme de masse, fort d’une histoire et d’un patrimoine exceptionnels et terre de gastronomie, l’Azerbaïdjan (et, singulièrement, sa capitale) a tout pour plaire. Que vous optiez pour un week-end à Bakou ou pour une visite de plusieurs jours dans les terres, on ne peut que succomber aux charmes de ce pays aux mille et une cultures. Un melting-pot exotique qui comblera les Occidentaux avides de nouvelles découvertes et d’authenticité, d’autant que le pays se rallie facilement en avion en passant par Istanbul. Notez néanmoins que vous devrez solliciter un visa valable pour toute la durée du séjour auprès de l’ambassade d’Azerbaïdjan.