Avec ses plateaux rocheux à perte de vue, ses remarquables vestiges nabatéens et plusieurs hôtels de luxe, Al Ula s’impose comme la locomotive du tourisme saoudien. Au nord-ouest du pays, séparé de la mer Rouge par trois heures de route et de la capitale Riyadh par 90 mn de vol, le territoire d’Al Ula cumule les atouts.
C’est dans cette vallée désertique que des Nabatéens venus de Pétra, en Jordanie, s’installèrent au 1er s. avant J.C. Au carrefour de pistes caravanières reliant l’Arabie au Yémen et au Dhofar, ils bâtirent de gigantesques tombeaux sculptés dans le roc, formant des sites d’une impérieuse beauté. Le principal est Hégra, classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Il rassemble plusieurs sépultures monumentales aux frontons décorés, comme Al Fareed et Jabal Albanat.
Al Ula livre aussi des paysages mêlant désert et rochers spectaculaires. Témoin, Elephant Rock, énorme bloc rocheux à l’allure de pachyderme. Il faut en profiter le soir autour d’un son et lumière, confortablement installé sur des « banquettes » modelées dans le sable. D’autres sites sont à découvrir : l’ancienne ville de Dadan et ses Lions Tombs, 700 caveaux percés dans une falaise ; Jabal Ikmah et ses inscriptions rupestres gravées dans la roche, peut-être à l’origine de l’écriture arabe ; le panorama d’Harrat Viewpoint, à 1 200 m d’altitude, plongeant sur la vallée verdoyante et les vergers de dattiers et d’agrumes.
Côté infrastructures, Al Ula est déjà dotée d’un aéroport international, de sept hôtels de luxe et d’un prochain resort signé de l’architecte français Jean Nouvel, le Sharaan, creusé dans la roche. Le territoire se flatte aussi d’accueillir Maraya, un palais des glaces cubique de 500 places, véritable salle de concert du désert, fondue littéralement dans le décor. Le « mirage » d’Al Ula est en marche.
En découvrant la ville et son bouillonnement affairé, nous n’avons pas été surpris par cette information : des sociétés occidentales basées depuis longtemps à Dubaï pour piloter leur croissance au Moyen-Orient déménagent ou ouvrent des filiales dans la capitale saoudienne. Car c’est bien au royaume wahhabite, plus que dans l’émirat voisin saturé d’équipements, que se joue désormais l’avenir touristique, immobilier et pour tout dire, économique, de la région.
Dans l’enfer automobile de Riyadh – l’arrivée du métro actuellement en construction sera une bénédiction ! – nous mettons le cap sur Boulevard, une immense zone récréative. Pour s’y rendre, nous traversons une ville tentaculaire, striée de voies rapides extra larges longeant des quartiers uniformes aux constructions basses couleur sable. Les toits-terrasses sont tous équipés de climatiseurs.
Ouvert en 2019, Boulevard est une enclave de divertissement à accès payant. Etendue sur 900 000 m², on s’y promène en parfaite sécurité le long d’un sidewalk de 3 km tracé entre boutiques de mode, restaurants, cafés-terrasses, salles de jeux, places à fontaines et écrans publicitaires dernier cri. La foule est constituée en majorité de Saoudiens et de visiteurs du Golfe Persique : des familles à landaus, des groupes de jeunes, des adultes en vadrouille… – 70% de la population du pays a moins de 35 ans. Les femmes ne portent pas toutes le niqab, certaines se contentent du foulard (le hidjab). L’ambiance est celle d’un parc d’attraction, une enclave d’entertainement à la mode anglo-saxonne.
Effet « Waouh » aussi garanti en haut du Kingdom Center, pour la Sky Bridge Experience. A 300 m au sommet du gratte-ciel, cette passerelle high tech surplombe la skyline du King Abdallah Finance District et le gigantesque quartier d’affaires et résidentiel d’Al Olaya. Ils sont les témoins de l’essor économique de cette capitale de 7 millions d’habitants où l’on peut visiter aussi des musées et se rendre dans la ville voisine de Diriyah, future destination de luxe (voir ci-dessous, 4/).
Bordant la mer Rouge, la seconde ville du pays a l’ambition de devenir l’une des capitales balnéaires d’Arabie Saoudite. Avec ses grands hôtels et résidences en chantier, son circuit de Formule 1 (1er Grand Prix en 2021, le second en mars 2023), ses marinas et ses fonds sous-marins, elle se donne les moyens d’entrer dans la cour des grands, aidée par une vieille ville au patrimoine architectural splendide, rappelant les âges d’or du commerce arabe.
Commerçante, Djeddah l’est toujours, avec ses plus de 200 marchés et shopping malls – le mot sobriété n’est pas encore entré dans le vocabulaire local… Exemple avec la longue et fastueuse avenue Tahlia Street. Bordée d’innombrables boutiques de luxe locales et internationales (bijouteries, concessions automobiles, vêtements….), elle abrite les derniers concepts de restaurants à la mode, à l’image du japonais Myazu et de sa clientèle dorée. Tahlia Street serait l’avenue la plus riche du pays.
Peut-être moins riche mais sans doute plus typique, Old City évoque le multiculturalisme et la place historique de Djeddah dans le commerce maritime entre Asie, Afrique et Europe. Plus grand port du pays, la cité protège dans cette vieille ville une architecture typique mâtinée d’influences régionales. Portes et balcons en bois, hautes façades blanches, toits-terrasses… il flotte dans ce quartier encore habité, à l’heure de l’appel de la prière, comme un parfum d’Arabie ancienne…
Tout autre est le littoral au nord de la ville. Immenses chantiers d’hôtels et de résidences en front de mer, marinas XXL… le boom balnéaire et immobilier est symbolisé par la Jeddah Tower, appelée à devenir, avec ses 1 km de haut, la plus haute du monde. Mais la construction est pour l’heure stoppée, pour cause de conflit entre investisseurs. Au large de la ville, la mer Rouge, elle, a de quoi satisfaire les plongeurs de la terre entière. Ses fonds sont encore assez peu fréquentés et, en face, les scaphandriers habitués à l’Egypte ont sans doute trouvé une nouvelle terre promise.
Ces trois gigantesques projets doivent entrainer le tourisme saoudien dans une nouvelle ère. Le premier, The Red Sea, est le plus avancé. A trois heures de route d’Al Ula, il prévoit la construction de 50 resorts et 1 000 résidences au bord de la mer Rouge, ainsi que sur 22 îles situées au large. Un aéroport international, en voie d’achèvement, signé du cabinet d’architectes Forster + Partners, doit ouvrir en 2023. Les plus grandes chaînes hôtelières sont déjà sur les rangs : Hyatt, Raffles, Carlton, Fairmont (Accor)… Six resorts seront inaugurés l’an prochain, dont le St Regis, sur les îles Ummahat, dessiné par le japonais Kengo Kuma.
Les instigateurs du projet (70% de l’investissement provient du fonds souverain saoudien), tablent sur 1 million de touristes en 2030. Vendu comme luxueux et écologique – mais qu’en est-il de l’impact environnemental du chantier sur cette côte ? – tous les transferts vers les hôtels s’effectueront en véhicules électriques.
Le second projet, Néom, est encore plus fou. Il ambitionne d’aménager 450 km de côtes près de la Jordanie et du Sinaï. Objectif : créer une nouvelle destination de vacances et une zone d’habitat… longue de 450 km. 5% du projet est sur les rails, autour de trois premiers hôtels-resorts. Neom prévoit aussi l’ouverture d’une station de ski dans les montagnes de l’arrière-côte et la construction de The Line, une ville habitée surélevée, longue de… 170 km et large de 200 m, desservie par un train à très haute vitesse… Capacité d’accueil : 9 millions d’habitants !
Diriyah Destination est la 3ème méga-idée du royaume pour capter l’attention et atteindre l’objectif de 100 millions de visiteurs en 2030, pèlerins de La Mecque et touristes nationaux inclus. Est ainsi prévu, dans cette ancienne capitale saoudienne située à 20 mn du centre de Riyadh, un pôle d’entertainement de 1 200 boutiques et restaurants, avec une vingtaine de musées et 28 hôtels d’ultra luxe. Cette future « destination » sera reliée à Ryadh par métro. Titanesque !
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