Annecy et ses trois bijoux au cœur des Alpes

Eric Valenne,
15-11-2023
Quelle est donc cette ville surnommée jadis « petite Rome » et aujourd’hui « Venise des Alpes » qui accueille l’une des plus courtes rivières de France (3.5 km) ? Et qui se classe parmi celles où l’on vit le mieux ? Visite automnale dans ce petit bijou de Haute-Savoie.

Bienvenue à Annecy, une bourgade garante d’étonnements! La « Venise des Alpes » est le joli surnom de cette ville de cent vingt mille habitants située au bord du lac à qui elle a donné son nom. Avec les Préalpes (premiers contreforts annonceurs des sommets) qui enserrent le lac et la cité, Annecy se découvre à pied pour bien profiter des ruelles et des vielles bâtisses colorées de sa « Vieille Ville ». Ici et là, on longe le Thiou et les ramifications de cette rivière née du lac.

Quai de l’ile et Quai Perrière sur le Thiou

Puis on passe l’une ou l’autre porte monumentale, témoignage des anciennes fortifications et on se perd dans une ruelle médiévale. Puis vient l’envie de prendre de la hauteur pour aller découvrir quelques points de vue sur les Préalpes depuis le château. De là-haut (pas si haut que çà en fait…), la ville offre de superbes points de vue sur les toits rouges, les églises et la cathédrale, sans oublier le lac et l’écrin des montagnes environnantes. Le château est le souvenir des Ducs de Savoie et des Comtes de Genève. Devenu musée, le fier édifice héberge des sections dédiées à l’archéologie de la ville, aux Beaux-Arts et aux sciences.

“Le Palais”

Quelques expositions viennent s’ajouter comme l’art contemporain ou le cinéma d’animation. L’Histoire de la ville raconte les habitations lacustres de l’Antiquité, les artisans du Moyen-âge, les seigneurs féodaux, le comté de Genève et le duché de Savoie, les Guerres de religions… et les exilés qui l’ont surnommée « Petite Rome des Alpes » avec son siège épiscopal (un surnom qu’elle partage avec Aoste). Le rattachement du duché de Savoie à la France en 1860 termine l’épopée de la ville. Tout cela se découvre au château d’Annecy.

Vue sur le lac © Eric Valenne ©

Au cœur d’Annecy

Retournons au cœur d’Annecy et baladons-nous à nouveau le long des eaux rapides du Thiou qui traverse la petite cité de manière impétueuse. Ce sont elles qui ont donné son surnom de petite « Venise des Alpes » à la ville. Elles se jouent des petits ponts, longent les quais et filent le long des ruelles. Elles créent même une île où se trouve « le Palais » qui fut une maison de justice et une prison. Aujourd’hui, comme une proue de bateau, cet édifice emblématique s’admire depuis le Pont Perrière ou les quais avoisinants. Bâti dès le 12ème siècle, l’endroit se visite pour y découvrir ses espaces et les cachots de sa prison qui a servi jusqu’à la fin du 19ème siècle. Avant d’abriter des personnes âgées.

Parfois murmurantes parfois grondantes selon les saisons, les eaux du Thiou se jettent très vite dans le Fier, affluent du Rhône. Plus calmes et domptées, les eaux du canal du Vassé folâtrent près du Pont des Amours. Elles tolèrent un peu de navigation en barque avec le canal Saint-Dominique, avant de s’engouffrer sous les maisons et les églises pour rencontrer l’intrépide Thiou quelques éclusettes et tunnels en aval… Grâce à son débit quasi constant, le Thiou a donné l’énergie aux roues et moulins qui ont servi à quelques manufactures dès le Moyen Age.

Eglise Saint François de Sales

Patrimoine historique

Petite Rome des Alpes oblige, Annecy a conservé quelques belles églises-musées comme la Basilique de l’Ordre de la Visitation, l’Eglise Notre-Dame-de-Liesse, l’Eglise Saint-Maurice, la Cathédrale Saint-Pierre et l’Eglise Saint-François de Sales. Ce dernier fut un pacifique opposant au protestantisme mais toujours prêt au dialogue. Lieu de pèlerinage, la Basilique de la Visitation accueille chaque année des milliers de pèlerins venus du monde entier. Dirigeons nous vers le lac avec le « Pâquier » (qui servit jadis de pâturage) et les Jardins de l’Europe (parc à l’anglaise avec ses arbres centenaires). Les vues sur le lac et la promenade offrent de beaux panoramas avec les voiliers du lac et les premiers sommets. Non loin, la célèbre passerelle qui relie le Pâquier et les Jardins de l’Europe offre de jolies vues sur Canal du Vassé. Celui-ci s’écoule paisiblement avec ses barques amarrées sous la superbe voûte de grands platanes. Ce pont très romantique est un joli témoignage du travail du fer du début du XXème siècle. C’est le Pont des Amours, devinez pourquoi… Mais un seul baiser suffit paraît-il, pas besoin de cadenas…

Couleurs d’automne, la plus belle des saisons sur le lac

Le lac émeraude

Avec ses eaux transparentes, parfois bleues parfois turquoise, le lac offre ses points de vue sur les montagnes qui l’entourent. Déjà à Annecy, quelques petites plages et rives de galets s’adonnent au nautisme et au repos. Une Voie verte (Un Ravel en Wallonie) est destinée aux cyclistes et aux randonneurs avec ses 35 km de bonheur vert et bleu. Presque sans discontinuité, elle est aménagée sur la rive ouest et compile une succession de pistes cyclables en voie partagée ou séparée de la chaussée. Ce qui fait que le tour du lac à vélo peut se faire à 85%. Deux réserves naturelles émaillent le lac : la « Bout-du-Lac » et la « Roc-de-Chère ». La jolie bourgade de Talloires joue son rôle de petite station appréciée des artistes et des bon-vivants avec ses hôtels huppés et sa petite marina. Non loin, les châteaux de Montrottier et de Duingt se mirent dans l’eau.

La Clusaz, Grand Bornand © Eric Valenne

Que la montagne est belle (et délicieuse)…

Les montagnes qui entourent Annecy ne demandent qu’à être découvertes. Quelques sites de parapentes offrent des envolées inoubliables au-dessus du lac. A conseiller vivement, de quoi vivre des moments palpitants dans toute leur splendeur. Même si vous n’avez pas l’âme d’un Icare… Mais si vraiment vous hésitez à le survoler en toute sécurité, alors il est possible de contempler le lac depuis une terrasse de lancement avec un vin local. Cela vous pardonnera et vous donnera les meilleures excuses. Les Préalpes qui s’offrent à vous du côté des massifs des Bauges et du Semnoz à l’ouest ou vers les Aravis à l’est sont également un régal à découvrir. Avec déjà le profil du Mont-Blanc à l’horizon.

Dernières descentes © Eric Valenne ©

La Clusaz et le Grand-Bornand accueillent les skieurs en hiver mais les autres saisons valent la peine d’y voyager. L’automne est une saison splendide avec la visites des fermes et des fruitières, des distilleries et des hameaux. Avec également les descentes d’alpages et les amusants concours de vaches qui donnent des couleurs, une ambiance et un cachet particulier aux lieux. Des tours en VTT électrique sont proposés pour narguer le dénivelé. Des nuitées dans les cabanes perchées (Ecotagnes) après un bain chaud et une fondue savoyarde sont un régal. Le tout avec en toile de fond le son des clarines des belles «Abondance», superbes vaches dont le lait tiendra ses promesses de fromages à l’onctueuse poésie ! Des mots magiques comme Reblochon, Beaufort, Abondance, Tomme des Bauges…

Indispensable fondue savoyarde de saison © Eric Valenne