Tous les ingrédients étaient réunis : des maisons en bois, un centre-ville tortueux et encombré, ainsi qu’un été exceptionnellement sec qui a rendu le bois des maisons très inflammable. Rajoutez à cela un maire absolument incompétent et vous comprendrez rapidement pourquoi l’incendie de 1666 fut aussi épouvantable…
L’étincelle, elle est venue d’une boulangerie. Lorsque les flammes commencèrent à ravager la boulangerie, de nombreuses personnes estimèrent qu’il fallait de toute urgence démolir les maisons voisines, de manière à organiser des coupe-feu efficaces. C’était, à l’époque, la manière la plus efficace de circonscrire les incendies. Hélas, les protestations furent nombreuses.
Face à cette révolte, on alla chercher le lord-maire, Samuel Pepys, pour clarifier la situation. Ce dernier, élu pour ses talents de dénonciateur plus que pour ses facultés intellectuelles, déclara qu’ « une femme pourra l’éteindre en pissant dessus » (sic) et que les propriétaires étant introuvables, il était impossible de procéder à la démolition des maisons concernées. Le feu, attisé par les vents, transforma bientôt le centre-ville en un immense brasier. La cathédrale Saint-Paul fut rapidement réduite en cendres !
Ce n’est qu’après 4 jours que l’incendie fut enfin maitrisé, grâce à la réalisation de coupe-feu et à la tombée des vents. Cet incendie fut invraisemblablement dévastateur : on parle de plus de 13.000 maisons brûlées, de 87 églises tombées et de nombreuses officines publiques. Le bilan humain, s’il est officiellement limité à une dizaine de personnes, est certainement bien plus conséquent : qui a réellement compté les fragments d’os ?
Il fut également question de la responsabilité : de nombreuses théories du complot sont alors ressorties, accusant tour-à-tour les catholiques, les Français, les Hollandais et même un pauvre horloger arrivé après le début de l’incendie et qui fut exécuté ! Le véritable responsable, à savoir le boulanger, put quant à lui reprendre son activité sans être davantage inquiété !
Détruit, le centre de Londres aurait pu briller et devenir « l’autre ville lumière » ! Toutefois, il fut finalement décidé de reconstruire la ville plus ou moins à l’identique : il fallait en effet faire dans l’urgence devant le chaos social et économique de tous ces habitants laissés dans la rue. Certaines améliorations furent toutefois apportées, comme des maisons en brique ou en pierre, ainsi que des rues élargies et un accès plus rapide au fleuve. Un monument de 61 mètres commémore toujours, aujourd’hui, ce drame social…
Certains historiens déclarent que cet incendie fut finalement bénéfique : en éradiquant les rats et autres bâtiments insalubres, il aurait permis d’éradiquer la peste des rues londoniennes. Un point de vue contesté car il est également admis que ce sont les bâtiments en périphérie qui étaient les plus insalubres, ceux qui furent précisément préservés des flammes…