Nous sommes au début de l’année 1930 et si le crash boursier de 1929 a provoqué un séisme outre-Atlantique, l’Europe reste encore frivole pour quelques mois… L’époque est à la légèreté d’esprit mais à la puissance mécanique. Que ce soit sur la route ou sur les rails, la vitesse compte ! Et lorsqu’un improbable sujet britannique se met en tête d’humilier le train le plus prestigieux de l’époque, cela donne une histoire folle… et pourtant bien réelle !
Woolf Barnato est l’un de ces personnages hauts en couleurs qui a marqué tous ceux qui l’ont croisé. Il faut dire que le gaillard a tout pour lui : riche héritier, il excelle dans tous les sports, a prouvé ses talents de businessman et, cerise sur le gâteau, est gâté par un physique avenant. Ce colosse au regard envoûtant a d’ailleurs sauvé le constructeur Bentley de la faillite, tout en s’octroyant trois victoires aux 24 heures du Mans au volant de l’un de ces bolides ! Quiconque connaît la réputation de l’épreuve et la rudesse des véhicules d’avant-guerre, et en particulier de ces lourdes Bentley, saluera la performance…
Le train bleu, ou, dans la langue de Shakespeare, le « Blue Train » était une merveille de technologie et de raffinement pour l’époque : ce train était en effet capable de relier Calais à Cannes (et vice-versa, bien entendu) en un temps record. De quoi ravir les riches Britanniques, aussi friands du climat méditerranéen que des services proposés à bord, que l’on disait au niveau des meilleurs hôtels ! Les performances de ce train servirent également de point de comparaison, notamment à la firme Rover qui parvint à battre ce monument ferroviaire sur la liaison Cannes-Calais.
Les habitués de l’hôtel Carlton à Cannes, n’ont certainement pas manqué une miette du pari insensé lancé par ce sujet britannique, aussi séduisant que costaud et… fort en gueule ! Woolf Barnato s’est en effet fait fort de rappeler à un certain Dale Bourne, grand amateur de golf et de… vitesse, que le record de Rover était de la roupie de Sansonnet. Il lui paria ainsi 100 livres, une somme conséquente à l’époque, qu’il pouvait rejoindre Londres… avant que le train bleu n’arrive en gare de Calais !
Il est 17h45 et le train bleu s’apprête à quitter la gare de Cannes. De son côté, devant son hôtel, Woolf Barnato engloutit un verre de Champagne et d’une voix de basse ordonne à Dale Bourne d’embarquer dans la Bentley Speed Six, dernier modèle de la firme. Considérée comme le « camion le plus rapide du monde » par un certain Ettore Bugatti, les Bentley de cette époque étaient d’une rapidité foudroyante… pour qui avait les biceps suffisamment épais pour les manœuvrer !
Dans un grondement rauque, la Bentley s’évanouit dans la nuit et part pour cette course insensée… Mais bien préparée : Woolf Barnato a anticipé son affaire, en embarquant quantité de bidons d’essence à bord et en prévoyant un ravitaillement en précieux carburant à Auxerre avec un camion-citerne commandé pour l’occasion. Hélas, les smartphones n’existent pas encore et les deux se cherchent désespérément durant la nuit pour se trouver.
Le plein fait, Barnato décide de rattraper le temps perdu en lançant sa machine dans une samba des plus convaincantes, Bourne s’accrochant comme il peut à son siège. Le brouillard, la pluie et la nuit : les conditions sont dantesques et une crevaison tentera de rappeler à l’équipage la futilité du pari, mais Barnato s’obstine. La Bentley dérape, glisse, mais son pilote reste arc-bouté sur l’accélérateur. Le combat semble porter ses fruits et le titan anglais décide même de céder le volant à son adversaire du jour, le temps de reposer des muscles endoloris. Paris est avalé, Calais est en vue.
Il est 10h30. Les 3 « B » (Barnato, Bourne et la Bentley) arrivent à Calais avec… une heure d’avance sur le départ du Ferry qui doit les amener en Angleterre. De quoi refroidir la mécanique et réveiller les hommes, qui décident de prendre le petit-déjeuner sur place. La traversée et le reste du trajet ne seront que des formalités : à 15h20, Woolf Barnato et Dale Bourne se garent devant le Conservative Club à Londres. Les gentlemen, au courant de la course, applaudissent l’exploit et sortent le champagne. Barnato a gagné son pari avec 4 minutes d’avance… Autre temps, autres mœurs, où la satisfaction d’un égo valait bien une gigantesque prise de risques ? Certes, mais Bentley écopera tout de même d’une copieuse amende de 160 livres pour s’être livré à une course sur la voie publique !
Cet exploit sonne le glas d’une époque et le sort commença à s’acharner sur le grand séducteur : son palais anglais fut la proie des flammes, son épouse ne put supporter davantage son comportement volage, tandis que Bentley, sa marque chérie et dont il était actionnaire, ne profita pas de son invraisemblable coup de pub et fut vendue à Rolls-Royce quelques mois plus tard… Le 27 juillet 1948, âgé de 53 ans mais torturé par un cancer, Woolf Barnato rendit son dernier souffle.
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