

Rio de Janeiro, la “Ville merveilleuse”, attire des millions de touristes avec ses plages, son carnaval et son Christ Rédempteur. Mais derrière la carte postale, une réalité bien plus sombre s’impose : une guerre des gangs qui fait rage dans les favelas. Et parfois, un simple GPS peut transformer une promenade en enfer.
En décembre dernier, un touriste argentin a suivi son itinéraire vers le Christ Rédempteur… et s’est retrouvé dans une favela. Son erreur lui a coûté la vie : touché par deux balles, il a succombé un mois plus tard. Quelques jours plus tard, une Brésilienne de São Paulo a connu un sort similaire, abattue d’un tir au cou alors que son Uber s’était trompé de route.
Ces incidents tragiques ne sont pas des cas isolés. En 2024, 19 personnes ont été blessées et cinq ont été tuées après être entrées par erreur dans ces zones, un record selon l’Institut Fogo Cruzado. Les raisons ? Une guerre des gangs intense, où chaque entrée suspecte peut être perçue comme une menace. “Quand quelqu’un arrive à toute vitesse, un criminel en état d’alerte tire avant de vérifier de qui il s’agit“, explique Victor dos Santos, secrétaire à la Sécurité de l’État de Rio, à nos confrères de Geo.
Avec 1,5 million d’habitants, soit un quart de la population de Rio, les favelas sont omniprésentes, y compris aux abords des quartiers touristiques. Leur contrôle est disputé par quatre factions criminelles, qui se partagent 20 % du territoire de l’agglomération. Résultat : des règles tacites pour éviter le pire. Un habitant de la favela de Cidade Alta confie : “Il faut rouler à moins de 20 km/h, baisser les vitres, allumer les feux de détresse et l’éclairage intérieur“.
Uber affirme bloquer certaines courses vers les zones dangereuses. Mais Google, propriétaire de deux applications de navigation très utilisées, reste silencieux face aux critiques sur la fiabilité de ses itinéraires.