Fuerteventura, que voir, que faire sur cette île des Canaries

Eric Valenne,
03-12-2021
Elle fait partie de l’archipel des Canaries mais elle est moins connue que Ténériffe, Lanzarote ou Grande Canarie… Pourtant, elle a de nombreux atouts ensoleillés à offrir. En toute saison !

A trois heures d’avion depuis Bruxelles, voilà une île bien étrange. Avec ses 210 kilomètres de long, Fuerteventura est la deuxième par la taille après Ténériffe. Elle est peut-être l’une des plus secrètes de l’archipel canarien. Elle est apparue la première il y a vingt millions d’années. Ses volcans étaient actifs il y a plusieurs millénaires. Puis se sont éteints pour être érodés par le temps. Fuerteventura est également la plus proche de l’Afrique, à moins de cent kilomètres. Elle est également l’une des moins peuplées avec environ 120 000 habitants. Avec comme capitale Puerto del Rosario, Fuerteventura doit probablement son nom aux vents qui y soufflent parfois très fort. Venus de tous les horizons, ils ont des noms différents selon les saisons.

Mélange de criques, plages de sable, galets et déserts

En été, ce sont plutôt les alizés qui rafraîchissent l’île quand le soleil africain tape dur. Parfois, c’est un vent chargé de sable du Sahara qui s’invite à la fête, le « calima », à moins que ce ne soit le brulant « chergui » également venu du Maroc. En hiver, comme par enchantement, tous les vents se calment et deviennent caresses. De quoi offrir à Fuerteventura des températures délicieuses, entre 15 et 20°. Une bonne nouvelle pour profiter du soleil et de températures agréables durant notre saison froide…

Fuerteventura, entre cactus et palmiers

De prime abord, les paysages de l’île canarienne de Fuerteventura sont désertiques et sablonneux. De vieux volcans rabotés par les millénaires émergent à l’horizon. Ils cachent de nombreux endroits enchanteurs. Par-delà les collines et les steppes arides, quelques charmants villages sont autant d’oasis de verdure avec leurs maisons cousues de basalte noir. Cubiques et blanches, elles alternent avec les moulins à vent et les petites cultures. Le long du littoral, des petits ports s’ouvrent sur l’Atlantique et offrent leurs quais à l’aventure et au grand large. Ici et là, de rares édifices historiques racontent l’Espagne de la Renaissance et des découvertes. Il est vrai que l’on ne va pas à « Fuerte » pour l’histoire ou l’archéologie, quoi que… Les visites de l’île passent notamment par La Oliva et la « casa de los Coroneles » (maison des Colonels), édifiée au 17ième siècle, laquelle a donné son nom à une route touristique. Non loin, l’église de la Candelaria vaut également la visite. Construite à la fin du 16ième, elle est de style mudéjar (musulman) et abrite quelques œuvres d’art dont un retable peint par un célèbre artiste baroque, Juan de Miranda Cejas. En suivant les petites routes qui traversent les massifs lunaires, s’offrent de nouveaux paysages, comme vers le parc de la Jandia ou le long des plages immenses et attirantes comme celles de Sotavento.

Eglise de la Candelaria © Norbert Nagel

Comme un désert de sable

Au nord de l’île, en face de Lanzarote, un petit désert cache des plages sublimes aux allures tropicales. Il ne manque que les cocotiers pour ressembler à celles des Caraïbes ! Ces longues plages de sable figurent parmi les plus belles des Canaries. Il y en a paraît-il plus de 150 le long des 340 kilomètres de côtes… Un régal pour les véliplanchistes, les surfeurs et les amateurs de kitesurf qui y passent leurs vacances. Ou s’y sont installés définitivement pour certains, tombés amoureux de ces horizons bleus. Comme on les comprend… Alors que le tourisme se rend plutôt au sud de l’île, le site de Corralejo accueille deux grands hôtels, les pieds dans les dunes du parc naturel de Corralejo, un espace naturel théoriquement protégé… Mais soit, les promoteurs ont été les plus forts.et il est possible de profiter directement de ces espaces en partant des hôtels bordés également par des plages absolument magnifiques. On se croirait effectivement aux Antilles tant leur sable est fin et l’océan si bleu… Un peu plus au nord, il est possible de visiter l’île voisine, Lanzarote, en un jour, pour y découvrir son patrimoine et ses attraits volcaniques !

Parc naturel de Corralejo

Un peu d’histoire

Fuerteventura était jadis habitée par le peuple des Guanches. Ces derniers, aujourd’hui disparus, étaient les descendants des Berbères d’Afrique du Nord. Avant l’arrivée des Espagnols, l’île était divisée en deux, gouvernée par deux rois qui régnaient chacun sur une moitié, coupée par un petit mur de pierres que l’on aperçoit encore ici et là, comme une frontière symbolique. Puis le hasard de l’histoire a voulu que Fuerteventura soit colonisée en 1402 par un Normand à la solde du roi de Castille: Jean de Béthencourt. C’est d’ailleurs à l’intérieur de l’île qu’il a fondé une bourgade éloignée de l’océan. Comme pour s’y cacher… Laquelle porte son nom : Betancuria.

Betancuria © Eric Valenne ©

Au cœur d’une vallée austère et pelée, il y édifia également une petite cathédrale et un couvent. Mais ces édifices furent détruits par les attaques de pirates. Aujourd’hui, avec ses maisons blanches cernés de palmiers et de cactus, le hameau vaut la visite pour son musée, quelques restaurants, ses gîtes et ses boutiques… Une étape à savourer tranquillement… Plusieurs vallées plus loin, Pájara cache une modeste église décorée de têtes emplumées, de soleils et de serpents. On les dit d’inspiration aztèque. Souvenir de l’Amérique du Sud et des marins qui voyaient dans les Canaries une précieuse escale. La route intérieure de l’île offre encore quelques hameaux aux maisons cubiques cachées au cœur des « malpaís »… qui signifiaient terres impossibles à cultiver. Faites de lave désertique et de roches, ces espaces sont hérissés de cactus d’herbes sèches hantées par des troupeaux de chèvres. Mais réconfort à ce pays austère ; ces ovins produisent un excellent fromage : le ‘majorero’, à savourer absolument !

Plage de Sotavento © Dirk Vorderstraße

Que faire à Fuerteventura ?

De passage à Fuerteventura, pourquoi pas un petit tour en mer pour observer les cétacés ? Dauphins, marsouins et parfois baleines sont visibles en toute saison. En suivant la “Ruta de los Coroneles” (route historique des Colonels), tout un patrimoine historique se dévoile. Avec des lieux comme La Oliva qui arbore une église riche en œuvres d’art (La Candeleria). A un jet de pierre, le palais des Colonels voit parfois de petites troupes de théâtre y proposer des visites originales des lieux sous forme d’animations. Un peu plus loin, un marché artisanal, une galerie d’art ainsi qu’une ferme où l’on cultive l’incroyable aloe vera. Cette plante médicinale était déjà bien connue dans l’Antiquité, bien avant l’invention les crèmes solaires et autres onguents. Au nord, au bord des plages, Corralejo a gardé un esprit hippie avec ses bars le long des petits quais, ses boutiques et son artisanat. Il ne faut pas hésiter à déguster un poisson grillé ou des tapas de fromage local…

La Oliva © Eric Valenne ©

Ensuite, direction les salines del Carmen et le musée du sel (au sud de Caleta de Fuste) ; sans oublier d’admirer l’une des plus belles plages des Canaries : celle de Sotavento avec son sable comme de la farine… Après avoir traversé la Costa Calma et la station de Morro Jable, la plus méridionale de l’île, pourquoi pas un plongeon vers l’extrême sud de Fuerteventura, avec la péninsule de Jandia et son phare du bout du monde sans oublier d’admirer le parc naturel de Jandía. Un autre attrait se trouve sur les hauteurs de l’île, le mirador de Morro de Vellosa avec ses statues représentant les rois guanches (près de Betancuria).

Ile de Lobos © spain.info

Ile de Lobos…

Au nord de l’île de Fuerteventura se trouve Lanzarote, laquelle vaut le voyage, le séjour ou simplement l’excursion d’un jour pour ses paysages volcaniques… Mais un petit secret bien gardé se trouve entre les deux îles et se découvre en partant de Corralejo où un ferry vous embarque. C’est l’Ile de Lobos, à 15 minutes à peine. Avec ses six kilomètres carrés, elle est un parc national qui doit se visiter. L’idéal est d’y passer une journée complète pour se plonger dans ses paysages sauvegardés. L’île doit son nom aux phoques ou « loups de mer » (qui ont disparu, hélas). Mais les lieux abritent 130 espèces végétales et pas mal d’oiseaux de passage. De belles plages prennent le soleil comme celle de la Concha, El Puertito tandis que tout au bout de l’île, le phare de Martiño et le Mont Caldera se découvrent après une balade circulaire de 12,8 km pour les plus courageux. Une belle occasion de découvrir un petit trésor caché avec ses paysages exceptionnels et sa nature préservée. Sinon, la plage offre quelques tables et bars sympathiques pour profiter de cet îlot hors du temps…