C’est le 19 septembre dernier que le couperet est tombé : la compagnie Air Belgium annonçait alors qu’elle cesserait d’opérer tout vol commercial après le 3 octobre 2023, précipitant près de 20.000 clients dans le désarroi, leurs billets d’avion étant purement et simplement annulés. S’ajoute à cela le fait que tous ne seront vraisemblablement pas remboursés. En effet, tant que la compagnie n’est pas déclarée en faillite, celle-ci est contrainte de rembourser les billets annulés, à condition que le vol ait été réservé en direct auprès d’Air Belgium ou via un intermédiaire.
La situation est un tantinet plus simple pour celles et ceux qui ont réservé un package via un tour-opérateur ou une agence de voyage. En effet, dans ce cas, le client tombe sous la protection conférée par la loi sur les “voyages à forfait”. Le tour-opérateur ou l’agence doit alors chercher un vol auprès d’une autre compagnie. S’il ne trouve pas de solution, une alternative de qualité équivalente doit alors être proposée et, à défaut, le client doit être remboursé.
Pour les clients qui font partie de la première catégorie, la machine semble grippée, alors que l’entreprise continue à développer ses activités de wet lease (l’affrètement d’avions pour d’autres compagnies), et donc à gagner de l’argent. En effet, on ne compte plus les plaintes de clients lésés qui, à l’heure d’écrire ces lignes, n’ont toujours pas été remboursés.
À défaut d’avoir obtenu satisfaction, ceux-ci seront nombreux à prendre part à l’audience du Tribunal de l’Entreprise de Nivelles qui aura lieu ce 26 janvier à 9 heures, afin de réclamer le prononcé de la “faillite frauduleuse” d’Air Belgium, ainsi que “les arrestations immédiates des administrateurs et malfaiteurs associés”… Le ton est donné !
La question du remboursement des vols non prestés n’est pas le seul élément à ternir la réputation de la compagnie belge. En effet, ils sont plusieurs à dénoncer l’ardoise qu’elle laisse à l’aéroport de Charleroi où l’on n’avait pas hésité à dérouler le tapis rouge pour l’accueillir à Gosselies. Une infrastructure dédiée aux vols longs courriers, consistant en un salon VIP, avait en effet été construite sur place pour un demi-million d’euros. La piste avait également été allongée afin de pouvoir accueillir les gros porteurs d’Air Belgium. On évoque aussi d’importants frais de parking qui n’ont pas été honorés.
Enfin, il ne faut pas oublier les aides publiques qui se comptent en millions d’euros, investies principalement par la Région wallonne et le Fonds Fédéral de Participation, aujourd’hui parties en fumée… D’aucuns se demandent, à juste titre, pourquoi l’exécutif wallon n’a pas réagi quand la compagnie a cessé d’opérer à l’aéroport de Charleroi en mars 2023. De même, était-il opportun d’investir 42 millions € dans l’allongement de la piste à Gosselies au profit d’une compagnie qui n’effectuait qu’une poignée de vols hebdomadaires au départ de Charleroi ? Autant de questions qui, pour l’heure, demeurent sans réponse.