L’Antarctique n’est probablement pas la première destination qui vient à l’esprit du touriste lambda mais celle-ci gagne néanmoins en popularité, d’autant que les possibilités d’atteindre cette zone reculée sont de plus en plus nombreuses. Une fréquentation en nette hausse qui pousse certains à appeler à interdire le tourisme vers le “Continent blanc”. C’est notamment le cas de la journaliste Sara Clemence qui n’hésite pas à expliquer, dans un article paru sur le site de The Atlantic, pourquoi l’Antarctique est une destination à oublier en tant que touriste.
L’Antarctique, qui est resté inaccessible à l’homme pendant des siècles et n’a été ouvert au tourisme que récemment, présente un attrait que peu d’autres endroits sur Terre peuvent offrir, notamment grâce à sa nature sauvage et intacte. À l’instar du tourisme spatial ou de la plongée, les globetrotters sont attirés par la nouveauté que représente la visite d’un paysage totalement gelé et vierge, mais aussi d’un endroit où peu d’autres personnes se sont aventurées auparavant. L’aspect “tourisme de la dernière chance” conjugué à l’idée de visiter un endroit qui disparaîtra bientôt en raison du changement climatique, renforce encore l’intérêt pour la destination.
Sara Clemence estime que c’est précisément pour cette raison que les touristes devraient être interdits de fréquenter le continent car leur présence en hausse constante menace l’environnement délicat dans lequel ils pénètrent. L’été dernier, 100.000 touristes sont arrivés en Antarctique, principalement par le biais de croisières, ce qui représente une augmentation de 40 % par rapport aux années antérieures à la pandémie et n’est en rien comparable aux quelques centaines de visiteurs que le continent recevait au cours de l’été il y a quarante ans.
Pour rappel, l’Antarctique n’est pas accessible par le train ou les transports publics et il n’y a aucune alternative de transport respectueuse de l’environnement. Il n’y a que deux options, les avions et les croisières, qui doivent tous deux parcourir des milliers de kilomètres pour atteindre les côtes du continent, en brûlant des réservoirs remplis de carburant en chemin. “L’empreinte carbone d’une personne effectuant une croisière en Antarctique est comparable aux émissions annuelles d’un Européen moyen”, affirme la journaliste.
Comble de l’indécence, l’année dernière, un tour-opérateur a ouvert un camp de luxe, uniquement accessible par jet privé, offrant même aux couples à la recherche d’une expérience exceptionnelle la possibilité de se marier au beau milieu de ce désert blanc. “Les invités, qui paient au moins 65.000 $ par séjour, sont encouragés à explorer le continent en avion, en ski-Doo et en camion arctique, avant de déguster un repas gastronomique dont les ingrédients sont acheminés par avion depuis l’Afrique du Sud…”, déplore l’auteure.
Le sort de l’Antarctique relève donc du paradoxe : son attrait inné est ce qui, en fin de compte, contribue à sa destruction.