Les croisières sont plus populaires que jamais, et le nombre de passagers a considérablement augmenté ces dernières années. La fédération sectorielle Cruise Lines International Association (CLIA) anticipe pour 2024, un total de 30 millions de passagers répartis sur 360 navires, soit 9,2 % de plus qu’en 2019, l’année pré-pandémie ! Les croisières donnent également un solide coup de pouce économique (même si les résidents des escales ne sont pas toujours ravis), mais l’environnement en profite moins.
Selon l’organisation environnementale Transport & Environment, les navires de croisière ont un impact très lourd sur le climat, l’environnement et la santé publique, en raison de leurs importantes émissions de CO₂ et autres substances nocives, comme les oxydes de soufre et d’azote, ainsi que les particules fines. La croisière européenne émet, selon l’organisation, autant de soufre qu’un milliard de voitures, car elle utilise des carburants à haute teneur en soufre. Cela a justifié l’interdiction des gros paquebots à Venise, une mesure ayant entraîné une réduction de… 80 % de la pollution de l’air !
Toutefois, à l’instar du secteur de l’aviation, qui n’a pas non plus une bonne réputation en la matière, le monde des croisières fait des efforts pour réduire son impact sur l’environnement et le climat. C’est pourquoi certaines technologies, comme les catalyseurs SCR et l’utilisation du GNL (gaz naturel liquéfié), sont déjà en place. Le GNL brûle de manière plus propre et produit ainsi moins d’émissions. Actuellement, 19 navires de croisière à travers le monde utilisent du GNL, soit 7 % de la flotte et 13 % du nombre total de passagers. À terme, le GNL pourra en outre être remplacé sans modification par du bio-GNL neutre en CO₂ (issu de déchets organiques) ou du GNL synthétique à bilan neutre. Le méthane, principal composant du GNL est un gaz à effet de serre puissant, mais ces émissions seraient également limitées à 1 % selon le secteur.
Les paquebots produisent également leur propre électricité via des moteurs à combustion, mais environ la moitié de la flotte mondiale peut se brancher au réseau électrique terrestre dans les ports afin de couper les moteurs après l’amarrage. Ces efforts sont également encouragés par des mesures réglementaires. En effet, le secteur maritime (en ce compris les croisiéristes) devra acheter des quotas d’émission dans le cadre du Système d’échange de quotas d’émission (ETS) de l’Union européenne et déclarer ses émissions. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) a aussi établi un calendrier visant à rendre les navires neutres en émission de gaz à effet de serre d’ici 2050, avec notamment 5 à 10 % de carburants neutres en émissions d’ici 2030.
Quid des navires utilisant des énergies renouvelables pour se déplacer, comme les voiliers ? Nous avons récemment embarqué à bord du Star Clipper, un voilier de croisière appartenant à une compagnie monégasque qui exploite trois de ces navires. Dominique Rollin, le capitaine belge du navire, confirme que les voiles permettent de réduire la consommation de carburant. « Bien sûr, nous faisons des efforts pour réduire nos émissions, conformément aux règles de l’OMI. Grâce à notre mode de navigation à voile, nous partons déjà avec un avantage, car nous consommons beaucoup moins de carburant pour la propulsion. Nous avons des moteurs à bord pour les moments où le vent est insuffisant, mais nous privilégions autant que possible la force du vent. Combien économisons-nous ? C’est difficile à dire, car cela dépend entièrement du vent et de l’itinéraire emprunté. C’est comparable à une voiture hybride, qui ne consomme presque rien dans certaines conditions. »
Cependant, même les voiliers utilisent du carburant pour produire de l’électricité, et des alternatives renouvelables devront également être envisagées à terme. De plus, il existe peu de ces navires, et ils ne mettent pas tous autant l’accent sur l’énergie éolienne que les Star Clippers ! En revanche, plus compactes que les gros paquebots habituels s’apparentant souvent à des villes flottantes, ils ont un impact moindre sur les villes où ils accostent. Une raison supplémentaire d’opter pour ce type de croisière !